Il y a quelques mois, je regardais des films sur la TéléLibre.
Il y a des films qu'on regarde rapidement (tout en étant à vitesse normale) et d'autres qui nous intéressent dés le départ.
Ce jour là, j'ai regardé un film qui faisait partie de la première catégorie, un film cacahuète en quelque sorte.
Sauf que ce film, je m'en suis rendu compte après quelques jours, me revenait à l'esprit sans prévenir, invité imprévu d'un trajet en métro ou d'une discussion ennuyeuse.
Ce film est celui des canapés dans la rue, de Raphaël Massi, tourné à Madagascar.
Un film qui, derrière ses aspects légers, cache une intrusion dans le cerveau: Il est un pont, ou plutôt une petite passerelle, entre des modes de pensée, des cultures.
Ce film était aussi simple qu'il se présentait: Qu'est-ce que ces canapés foutent dehors, sacré bondieu!
Le film n'y répondait pas, et n'avait clairement pas pour but d'y répondre, tout en posant la question.
Et elle me revenait, bêtement. Pourquoi un pays, une ville, une personne, laisserait des canapés dans la rue, fusse ce pays un symbole de l'hydrométrie nulle.
Alors voilà. J'arrive au Sénégal pour filmer le portrait d'une femme qui fait la promotion des fours solaires. Et je tombe, par dizaine, sur ces canapés dans la rue.
Tel un sherlock Holmes moribond (la chaleur, en ce mois d'octobre à 38°, explique l'ensemble du soi-disant problème africain), mon sang ne fait qu'un tour, il me faut trouver enfin la solution.
Le tournage est occupé, et ardent, et je me dis que je n'arriverai jamais à les filmer, ces canapés. Jusqu'à ce que ces chèvres au cri d'enfant (ou de chatte en chaleur), détournent l'attention de l'objet de mon film, cette femme au four solaire, histoire trop longue à raconter (une bonbonne de gaz explosive traverse ce détournement).
Alors je fonce vers Saliou, l'homme aux canapés dans la rue, dont je ne connaissais pas alors encore le nom.
François Grandjacques
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