Tension sur le recrutement: «Le “dividende salarié” permettrait de mieux intégrer les collaborateurs», explique Thibault Lanxade
par Lopinionfr
Thibault Lanxade publie un manifeste pour Le Dividende salarié (Télémaque), en pleine sortie de crise de la Covid. Est-ce le bon moment pour rééquilibrer le partage de la valeur créée par les entreprises ? « Je pense qu’avec toutes les tendances d’évolution (entreprises, société), où l’on parle d’un capitalisme renouvelé, plus en phase avec les attentes sociétales, il était peut-être temps de débattre de la question du partage de la valeur, répond Thibault Lanxade. Cela nous ramène à plus de 50 ans en arrière, sur les ordonnances de 1967 du général de Gaulle, voire même au Conseil national de la Résistance, qui crée l’intéressement, puis la participation. » Depuis les années 1980, les salariés en Europe touchent une part de moins en moins importante de la valeur ajoutée des entreprises. Mais en France, c’est surtout l’Etat qui a empoché le différentiel. N’est-ce pas ce à quoi il faut toucher en priorité ? « Vous prêchez un convaincu, explique l’ancien vice-président du Medef. Mais il faut regarder la façon dont la richesse est traduite en entreprise. Si l’on regarde comment les choses ont évolué, les entreprises sont devenues plus rentables au niveau mondial, il est donc temps de revoir la clé de répartition entre la richesse produite, la rémunération des actionnaires et des salariés. » L’idée principale défendue dans Le Dividende salarié consiste à conditionner, dans toutes les entreprises, le versement de dividendes aux actionnaires au versement d’un « dividende salarié ». Et Thibault Lanxade d’ajouter : « C’est une participation allégée sur sa formule pour qu’elle soit plus rémunérative, qu’il faut étendre à plus d’entreprises, et conditionner à du versement de dividendes. La participation voulue par de Gaulle, ce n’est pas du salaire, elle est au plus près du dividende, explique-t-il, car elle se base sur le bénéfice fiscal de l’entreprise. C’est le premier outil de démocratie sociale dans l’entreprise. La participation est une quote-part du dividende. » Les chefs d’entreprises sont-ils prêts à mettre en place une telle mesure ? « La réponse est tripartite. D’abord, il faut que l’Etat soit stable. Nos politiques adorent fiscaliser. Ensuite, il faut convaincre les partenaires sociaux de négocier. Enfin, les chefs d’entreprises doivent faire preuve de responsabilité entrepreneuriale, en utilisant ces mécanismes comme des leviers de participation à la création de valeur dans l’entreprise, mais également comme des instruments de management. Au moment où l’on a des tensions sur le recrutement, de fidélisation de nos équipiers, c’est le moyen de mieux les intégrer dans l’entreprise. » Pour surmonter ces éventuelles réticences, Thibault Lanxade propose d’instaurer ce « dividende salarié » par référendum. Un sujet aussi technique pourrait-t-il passionner les électeurs ? « Si l’on revient aux fondements des ordonnances de 1967, de Gaulle voulait le porter par référendum, rappelle l’ancien président du Medef. On a besoin de redéfinir le pacte social avec l’ensemble des Français. On doit pouvoir débattre et discuter de la répartition de la valeur créée par l’entreprise. »
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