Les 4V - Arnaud Gaillot
par telematin
En France et même en Europe, la colère du monde agricole est clairement montée d’un ton le week-end du 20 et 21 janvier 2024, lors duquel les exploitants ont multiplié les actions contre le GreenDeal européen et la hausse des taxes du gazole. Invité des 4 vérités, Arnaud Gaillot, président des jeunes agriculteurs, est venu parler de ce « ras-le-bol général » qui le touche lui et ses collègues et pour lequel ils ne se sentent pas entendus depuis des années. Des agriculteurs qui ne sont pas rémunérés et « toujours plus de contraintes », c’est ce que dénonce l’homme de 37 ans. Les contraintes se matérialisent par des normes de plus en plus importantes et exigeantes (le sénat parle d’ailleurs « d’overdoses normatives ») et d’injonctions contradictoires. Si l’éleveur de vaches laitières et de génisses argue que lui et la communauté qu’il représente sont favorables à la transition, il rappelle qu’un équilibre doit être trouvé. Comment maintenir les niveaux de production actuels tout en maintenant l’environnement dans lequel on vit ? C’est aujourd’hui toute la question. « On ne peut pas demander au monde agricole de faire en 5 ans ce qu’il n’a fait pas en 40 ans. » Cette « pression continuelle », vient, selon l’agriculteur, de toutes parts, puisqu’elle arrive de France mais également d’Europe. L’ennui est qu’elle ne s’accompagne d’aucune compensation financière. Ce lundi 22 janvier 2024, Gabriel Attal reçoit la FNSEA, puissant syndicat agricole français à Matignon. Arnaud Gaillot compte notamment lui demander de faire appliquer la loi Egalim, visant à protéger la rémunération des agriculteurs adoptée le 18 octobre 2021. Dans ce « jeu de dupes » qui s’est installé depuis des années, il exige une chose : que les contrôles soient renforcés. La deuxième exigence est celle d’une « pause normative » qui fixera les objectifs de la France dans des délais plus réalistes de « 20-25 ans, 30 ans ». « Il faut un peu de rationalité. Les agriculteurs ne sont pas là pour détruire la planète, ni pour produire des choses qui tuent les gens », martèle-t-il. La troisième revendication est la régulation de la concurrence. La France pâtit d’accords ou d’aides à d’autres pays. L’agriculteur parle notamment de l’Ukraine, dont nombre de produits alimentaires sont exportés en France, notamment les poulets dans les cantines pour les enfants. Des produits qui sont pourtant loin d’être produits avec les mêmes règles et les mêmes normes que dans l’Hexagone. La fin du monde agricole est-elle proche ?Le blocage de l’autoroute A64 qui relie Toulouse à Bayonne, à hauteur de Carbonne, en Haute-Garonne, se poursuit depuis trois jours. Les agriculteurs sont toujours mobilisés sur ce tronçon et exigent des mesures concrètes avant de bouger. Arnaud Gaillot soutient ce mouvement : « J’aurai du mal à leur dire d’arrêter tant que des solutions concrètes ne sont pas apportées. »Malheureusement, les agriculteurs ne « croient plus trop aux belles promesses » et souhaitent désormais des actes. Il prévient que si le gouvernement n’apporte pas des solutions à la hauteur en ce lundi 22 janvier lors de la réunion à Matignon, d’autres blocages pourraient bien advenir dans les jours à venir. Se trouve-t-on à l’aube d’un nouveau mouvement « gilets jaunes » ? Le président des jeunes agriculteurs ne le pense pas, mais dit en revanche qu’un « gros mouvement européen se prépare si aucune réponse n’est apportée. Vous savez, nos voisins allemands nous imitent, la Belgique nous appelle pour savoir où on est, l’Italie réfléchit aussi, donc on peut imaginer quelque chose qui se propage et qui dure longtemps s’il n’y a pas de réponses de la communauté Européenne », prévient-il.
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