Le bouleversant texte de Yann Moix, lu hier soir dans "On n'est pas couché", en hommage à Mireille Knoll
par morandini
Epargnée par le sort au temps des vélodromes,Arrachée par la chance aux crimes allemands,La mort vous attendait au-delà des pogroms,Cachée dans la folie de nazis musulmans.Vous fûtes rescapée de cette rafle indignePratiquée par la France envers quelques FrançaisDont le crime premier, et dont la faute insigneFut d’avoir dans le sang ce Dieu qui s’absentait.Et votre peuple haï, haï pour sa naissanceSait tout au fond de lui que les coups de couteauDont on vous lacéra, n’est rien qui recommence,Mais une haine fixe en un changeant bourreau.Votre peuple puni, puni pour son essenceSait du fond de sa nuit que cet autodaféOù l’on vous immola est une efflorescenceDu toujours même mal, autrement parafé.Et votre peuple honni, honni pour sa scienceSait du fond de sa vie que la crémationD’une juive isolée en pleine sénescence,Porte à jamais le nom de profanation.
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