Comment faire illusion lorsque vous êtes malade
par Lopinionfr
Bonjour à tous et bienvenue dans «Eléments de langage», le vlog qui vous aide à ne faire passer aucun message. Les températures sont redescendues et les métros ont repris leurs mornes trajets. Et avec eux, les microbes. Mais comment faire lorsque vous êtes assez malade pour avoir la force de ne rien faire, et pas assez malade pour poser un arrêt de travail ? Durant toute la durée de votre maladie, vous devez allier le pratique avec l’esthétique. Habillez-vous chaudement, car toute surface de peau exposée au froid démultipliera la glaciation de votre corps. Mais pour ne pas ressembler à un bibendum, appliquez la technique des multicouches : empilez les vêtements les uns sur les autres, en gardant au bureau une petite doudoune et un plaid ou un couvre-lit. Lorsque vos collègues s’absentent pour la pause déjeuner, réglez discrètement le thermostat sur « 30 degrés » et répartissez vos mouchoirs utilisés dans les poubelles de vos ennemis. Pour ne pas ressembler à Rudolphe, le petit renne au nez rouge, mettez un peu de poudre sur votre nez. Mais attention, à chaque fois que vous vous moucherez, une couche de ce produit, souvent cher, partira sur le mouchoir, et donc vous perdrez quelques euros par mouchoir. Comme votre nez est bouché, votre voix devient nasillarde. Faites-en un atout. Les voix nasales se prêtent très bien à l’accent américain, alors profitez-en pour faire des confcall avec les Etats-Unis et décrocher de gros contrats. «Yes I am sick, unfortunately. Do you know paracétamol ?» Être malade a deux avantages. Numéro un, vous n’êtes plus obligés de faire les horribles « tours de bises » lorsque vous entrez dans une pièce où quinze personnes attentent en rangs d’oignons. Numéro 2, vous pouvez susciter la compassion de vos collègues et obtenir leurs services, comme de porter à vos lèvres votre grog de tisane au miel. L’inconvénient est que beaucoup de personnes vous diront comment elles font pour ne pas tomber malade, et vous feront culpabiliser d’être sous le joug d’un virus. « Ah, tu es malade ? Mais pourquoi ? Moi je prends des gouttes de perlimpinpin et je ne suis jamais malade ! ». Ou bien : « Ah tu es malade ? Moi je ne préfère pas, je n’ai pas de temps à perdre ». Vous devrez alors écouter patiemment ces docteurs de bonne aventure, et opiner du chef. Récupérez leurs gélules et, en échange de bons procédés, éternuez dans leur direction pour doper leur production d’anticorps. Quant à moi, je vous souhaite de ne pas avoir à utiliser ces conseils comme j’ai dû le faire cette semaine.
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