Amiante, un espoir de justice
par telerama
Un drame sanitaire peut en cacher un autre. Alors que le Covid occupe sans relâche nos esprits et nos écrans, il est utile de rouvrir un dossier qui devrait donner lieu, bientôt, au premier procès pénal de l’amiante. Du sol aux murs de nos bâtiments en passant par quantité d’objets du quotidien, ce minéral fibreux tue chaque année quelque quatre mille personnes en France. Comment expliquer la prudence des pouvoirs publics ? Tout en y répondant, Aude Rouaux suit, pas à pas, la croisade de ces vaillants combattants que sont l’ex-ouvrier des chantiers navals de Dunkerque Pierre Pluta et le professeur de mathématiques à l’université de Jussieu Michel Parigot. Depuis vingt-cinq ans, ils luttent pour que justice soit rendue au nom des cent mille morts du mésothéliome, ce cancer de la plèvre des victimes de l’amiante.Implacable et méthodique, sensible mais sans pathos, cette enquête dénonce une impunité trouvant son origine dans la façon dont la France surexploita ce « matériau magique » jusqu’à son interdiction, en 1997. Au point d’avoir favorisé le Comité permanent amiante (CPA), lobby composé de représentants des ministères de l’Industrie et du Travail, de scientifiques et de médecins qui, entre 1982 et 1995, couvrirent, en toute connaissance de cause, les industriels. Enfin, elle pointe du doigt la façon dont les collectivités locales se défaussent, aujourd’hui, de la décontamination de locaux, qui est pourtant de leur ressort. À cet égard, l’annonce faite, récemment, du désamiantage du Centre Pompidou ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.
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