Alain Minc: «Ce serait suicidaire pour Emmanuel Macron de changer de politique !»
par Lopinionfr
Familier d’Emmanuel Macron, observateur attentif de sa politique, Alain Minc livre son analyse : «Je pense que ce qu’il lui manquait, c’est ce qu’il est en train de faire aux Antilles (…) Son risque était la giscardisation (…) Excellent président, Valéry Giscard d’Estaing a été battu parce que le lien avec le pays c’était, en partie, défait (…) Il faut faire attention, la France n’aime pas trop les premiers de classe !». Alors, que devrait faire le président de la République pour éviter cette situation ? « Je pense depuis longtemps qu’il devrait faire une région de France par mois, préconise Alain Minc (…)». Au sujet de la polémique concernant la sortie du chef de l’Etat – qui a affirmé qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver une emploi – Alain Minc temporise: «Evidemment, cela donne le sentiment d’un côté d’un peu de dureté à l’égard de ce garçon (à qui Emmanuel Macron s’adressait, NDLR) mais de l’autre, maintenant les Français savent qu’il y a un nombre très élevés d’emplois non pourvus. Il a fait plus pour diffuser cette vérité avec cette phrase malencontreuse qu’en expliquant de manière sagace qu’il y a des centaines de milliers d’emplois non satisfaits». Concernant l’image du Président, à qui l’on reproche notamment parfois une certaine forme d’arrogance, l’essayiste est sans appel: « Cette image est le produit du monde journalistique avec lequel Emmanuel Macron a une relation difficile puisqu’il a voulu désintoxiquer les journalistes de la période Hollande où l’Elysée était devenu une salle de rédaction ! Il est allé un peu loin, mais il est en train de se corriger». Sur la politique plus générale du chef de l’Etat, Alain Minc analyse : « Il n’est pas social-démocrate, il est social-libéral. Et quand vous l’êtes, vous êtes obligé de trouver un moyen d’être en osmose avec le pays. Chose que faisaient admirablement Bill Clinton et Tony Blair». Et tandis qu’Emmanuel Macron a annoncé qu’il ne changerait pas de cap politique, l’économiste confirme : «Il a raison. Au fond, il est le fils spirituel d’Helmut Schmidt, c’est à dire qu’il pense que les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain. Si aujourd’hui il changeait de politique, ce serait suicidaire et dieu merci, il ne le fera pas. Il doit prêcher la patience.» Alain Minc tire ensuite le signal d’alarme concernant la crise italienne : «Les Italiens sous-estiment l’ampleur de la crise italienne. Je pense que l’Italie peut aller dans une dérive politique folle. Je n’exclus pas que M. Salvini réintroduise une deuxième monnaie à côté de l’euro. Et là, bonjour les dégâts, pour eux et pour nous !». Sur les élections européennes, il affirme: «Il y a un côté 2005 dans cette affaire. Le camp raisonnable va perdre. C’est une erreur de faire une liste unique car ce sera un paratonnerre qui attirera la foudre».
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