Le chlordécone est-il cancérigène ? Des professeurs et des parlementaires répondent à Macron

par Kangai News

Alors qu'Emmanuel Macron a récemment déclaré que le chlordécone, un insecticide longtemps utilisé dans les Antilles, n'était pas cancérigène, deux scientifiques assurent au contraire que cette substance peut être à l'origine de cancers. Deux professeurs spécialistes du chlordécone et deux parlementaires ont répondu à Emmanuel Macron qui a estimé vendredi que cet insecticide longtemps utilisé dans les Antilles n'était pas cancérigène. Sollicité par des élus ultramarins lors d'un grand débat à l'Élysée sur cette substance utilisée en Guadeloupe et Martinique jusqu'en 1993 pour combattre un insecte dévastant les bananeraies et suspectée d'effets toxiques pour l'homme, le chef de l'État a affirmé : « Il ne faut pas dire que c'est cancérigène ». « Je ne dis pas qu'il n'y a pas de lien (entre le produit et des pathologies), je dis « personne ne m'a établi un lien direct ». Si on m'avait établi un lien direct, j'aurais pris les décisions qui vont avec », a-t-il ajouté. Augmentation du risque de cancers de la prostate Dans une lettre aux médias dimanche, Luc Multigner, Directeur de Recherche à l'Inserm et Pascal Blanchet, chef de service d'urologie du CHU de Pointe-à-Pitre, soulignent que « le Centre International de la Recherche sur le Cancer, une agence de l'OMS, a établi en 1979 « qu'il existe des preuves suffisantes pour considérer que le chlordécone est cancérogène chez la souris et le rat » et qu'en absence de données chez l'homme, il était « raisonnable, à des fins pratiques, de considérer le chlordécone comme s'il présentait un risque cancérogène pour l'homme » ». En 1987, cette même institution « a classé le chlordécone dans la catégorie cancérogène 2B (peut-être cancérogène pour l'Homme) », soulignent-ils. Les deux professeurs rappellent qu'ils ont publié en 2010 « des travaux de recherche menées auprès des populations antillaises et qui montraient que l'exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate ». « Force est de constater qu'à ce jour elles n'ont pas été contredites », ajoutent-ils. Deux parlementaires s'engagent Pour la députée PS Hélène Vainqueur-Christophe et le sénateur PS Victorin Lurel, « un faisceau d'arguments permettent d'attester d'une forte présomption de liens entre exposition au chlordécone et cancer de la prostate », disent-ils dans une lettre publique adressée mardi à Emmanuel Macron. Ils rappellent que selon les dernières études de Santé publique France, « le taux d'incidence de cancer de la prostate en Martinique et Guadeloupe se situe parmi les plus élevés au monde ». « Comme vous, nous ne disons pas qu'il existe un lien strictement direct entre exposition au chlordécone et survenue de pathologies, mais refusons que vous puissiez certifier que le chlordécone n'est pas cancérogène », ajoutent les parlementaires.

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