Zad Moultaka : 3 comptines arabes (Maîtrise de Radio France)
par francemusique
La Maîtrise de Radio France interprète, avec l'ensemble Links et sous la direction de Sofi Jeannin, les trois comptines arabes composées par Zad Moultaka.« Tinte, tinte, ô cloche » : une petite chanson d’ailleurs et ce sont toutes les percussions qui s’associent au chœur. Avec Nenni Nenni, Zad Moultaka s’enfonce dans son propre passé et se souvient des mélodies qui ont bercé son enfance. Né la veille de la Guerre des Six jours, il se souvient de son Liban déchiré par la question palestinienne, des violents désordres qui ont ruiné le Pays du Cèdre. Jeune pianiste, élève de Madeleine Médawar au conservatoire de Beyrouth, il a fui le conflit et, en 1984, s’est installé à Paris pour y poursuivre sa formation avec Marie-Madeleine Petit, Pierre Sancan, Aldo Ciccolini, Bruno Rigutto, Marie-Françoise Buquet et Christian Ivaldi. Lancé dans une carrière de soliste, il a néanmoins préféré la composition musicale et les arts plastiques à la vie d’instrumentiste.Souhaitant ne pas laisser se figer une tradition vivante, il ne se détourne pas de ses racines mais part d’un constat sévère : « La musique arabe est aujourd’hui dans une impasse. Prise en étau entre une tradition extrêmement puissante et l’émancipation de la pratique et de la pensée musicale en général, elle est incapable de se régénérer par elle-même sans tomber dans une forme d’asservissement à la mièvrerie généralisée que traverse une certaine “musique populaire“, lui conférant un statut de modernité et d’évolution mensongères. »L’été, Zad Moultaka se rend régulièrement dans les montagnes afin d’y recueillir les chants de ses origines. Des berceuses et des comptines en arabe dialectal, habitées de légendes et de croyances, profondément reliées au quotidien des populations rurales. Dans Nenni Nenni, il réunit quelques mélodies pour « orchestrer les images de sa propre enfance ». Dans la version originale, l’accompagnement réclame quatre percussionnistes ; séparés par un impressionnant attirail de percussions, deux chœurs se font face, selon Zad Moultaka dialoguent, jouent et se chamaillent.Aujourd’hui, le piano emplit l’espace de ses couleurs inattendues, d’effets de résonance et de percussion, de vibrations de cordes graves jouées avec une mailloche ou avec les ongles, des impacts d’une baguette sur le bois de l’instrument. Il fait ainsi le lien entre les voix parlées ou chantées, et les percussions partagées par le soliste et les enfants. Il en résulte un mystérieux rituel, un monde secret que la première mélodie nous inviterait à pénétrer en fermant les yeux. Lorsque la nuit tombe, tous les souhaits paraissent pouvoir se réaliser dans le sommeil ; les chiffres dansent et de charmants animaux s’invitent dans les songes.ENSEMBLE LINKSMAÎTRISE DE RADIO FRANCESOFI JEANNIN, MORGAN JOURDAIN et MARIE-NOËLLE MAERTEN direction
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