Widor : Symphonie pour orgue n°5 (Allegro vivace) par Karol Mossakowski
par francemusique
Karol Mossakowski joue l'Allegro vivace de la symphonie n°5 pour orgue de Charles-Marie Widor. Concert enregistré à l'auditorium de la maison de la radio.Compositeur, chef d’orchestre, organiste, auteur, critique, professeur d’orgue (à la mort de Franck) mais aussi de composition (pendant trente et un ans) au Conservatoire de Paris, chef de file du renouveau de Bach en France, cofondateur et directeur du Conservatoire américain de Fontainebleau – il posa également la première pierre de la Casa de Velázquez inaugurée en 1932 (équivalent madrilène de la Villa Médicis de Rome), membre de l’Institut de France et finalement secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, Charles-Marie Widor influença activement la vie musicale française pendant plus de six décennies. Si l’on excepte trois cycles tardifs : Bach’s Memento (Six Pièces pour orgue, 1925), Suite latine (1928), Trois Nouvelles Pièces op. 87 (1934, dont les titres sont éloquents : Classique d’hier, Mystique, Classique d’aujourd’hui), l’essentiel de l’orgue de Widor consiste en dix Symphonies conçues et publiées de 1870 à 1900. De celui qui fut suppléant de Saint-Saëns à La Madeleine avant d’accéder « provisoirement », en 1870 et à la suite de Louis-James-Alfred Lefébure-Wely, à la tribune de Saint-Sulpice (le plus grand orgue d’Aristide Cavaillé-Coll, 100 jeux, 1862 – il devait y rester soixante-quatre ans ! avant de céder ses claviers à son disciple et suppléant Marcel Dupré en 1934), on ne connaît pour ainsi dire rien du reste de l’œuvre : symphonies pour orchestre et poèmes symphoniques, concertos (piano, violoncelle), un très vaste catalogue de musique de chambre, pour piano solo ou deux pianos, de la musique vocale sacrée et profane, sans oublier le théâtre, qu’il s’agisse de sa musique de scène Conte d’avril (1885), du drame lyrique Maître Ambros (1886), de la « Légende mimée en quatre tableaux » Jeanne d’Arc (1890), de l’opéra Les Pêcheurs de Saint-Jean (1904), ou encore de ballet, dont celui, célèbre en son temps, intitulé La Korrigane, créé à l’Opéra de Paris en 1880. Amplement de quoi découvrir. S’y ajoute un versant pédagogique fort estimé à l’époque : Initiation musicale (Librairie Hachette, 1923), et surtout Technique de l’orchestre moderne, ouvrage conçu tel un prolongement du Traité d’instrumentation et d’orchestration (1844) de Berlioz (Henry Lemoine & Cie, Paris, 1904).Ses dix Symphonies s’articulent en trois périodes : l’Opus 13 (1872) renferme les quatre premières, l’Opus 42 (1879, 1887) les quatre suivantes. Viendront s’y ajouter, isolément et d’esthétique profondément différente, la Symphonie « Gothique » op. 70 (1895) et la Symphonie « Romane » op. 73 (1900 – Vierne avait entre-temps pris le relai, livrant sa Symphonie n° 1 en 1899, un an avant sa nomination à Notre-Dame et alors qu’il était encore suppléant de Widor à Saint-Sulpice). À cette somme, il convient d’ajouter la rencontre majestueuse de l’orgue et de l’orchestre : Symphonie pour orgue et orchestre op. 42 (1882 – arrangement de mouvements issus de l’Opus 42), Symphonie n° 3 op. 69 (1894), Sinfonia sacra op. 81 (1908), Symphonie antique pour solistes, chœur, orgue et orchestre op. 83 (1911), Salvum Fac Populum Tuum op. 84, pour trompettes, trombones, timbales et orgue (1917). Incontestable réussite dans chacun de ses cinq mouvements, la Symphonie n° 5 est assurément la plus célèbre de Widor, en particulier le mouvement d’introduction, de type variations très orchestrales, mettant en œuvre une grande diversité de registrations, d’une foisonnante inventivité. Seul le mouvement initial de la Symphonie n° 6, de forme sonate nullement stricte, comme toujours chez Widor qui jamais ne se laisse enfermer dans des formes convenues mais innove sans cesse, est à même de rivaliser en termes de célébrité et de popularité auprès du public avec ces « Variations de la Cinquième », structurellement et dynamiquement extrêmement contrastées. Rappelons qu’à l’autre extrémité de ce cheval de bataille des organistes du monde entier figure la célébrissime Toccata (dont Isidor Philipp réalisa une brillante version pour deux pianos), mouvement perpétuel d’une originalité inouïe pour l’époque, mettant à profit tous les degrés dynamiques de la palette d’un grand orgue symphonique – le mouvement initial y ajoutant un impressionnant survol des mélanges de timbres et de plans sonores dont l’orgue a le secret.
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