Wagner : Wesendonck-Lieder (Ann Petersen / Orchestre national de France)
par francemusique
La soprano Ann Petersen chante,avec l'Orchestre national de France placé sous la direction d'Emmanuel Krivine, les Wesendonck-Lieder de Richard Wagner. Extrait du concert donné le 23 mai 2019 à la Maison de la Radio.ProgrammeDer EngelStehe stillIm TreibhausSchmerzenTräumeWagner, qui a dû fuir la Saxe en 1849 en raison de ses activités révolutionnaires, a trouvé refuge en 1857 à « l’Asile », petite propriété que le riche homme d’affaires allemand Otto Wesendonck avait fait construire à Zurich pour le compositeur et son épouse Minna. C’est là que Wagner vit une idylle passionnée avec la femme de son bienfaiteur, Mathilde : de 1856 à 1859, leur relation amoureuse accompagne et nourrit la composition de Tristan et Isolde. Fait exceptionnel, Wagner choisit de mettre en musique durant l’hiver 1857-1858 des textes qu’il n’a pas écrits lui-même, et compose cinq Lieder sur des poèmes de son amante, dont le contenu spirituel autant que le langage harmonique font écho à Tristan et Isolde. Le troisième Lied, Im Treibhaus (« Dans la serre »), est caractérisé par Wagner lui-même comme une « étude pour Tristan et Isolde », et préfigure le prélude du troisième acte. Quant au dernier Lied, Träume (« Rêves »), il baigne dans l’atmosphère nocturne qui sera celle du deuxième acte de Tristan. Ses irisations harmoniques hanteront Wagner jusqu’en décembre 1858, quand il composera la deuxième scène de l’acte II : « Je m’assis au piano, et notais [le passage] _aussi rapidement que si je l’avais su par cœur depuis longtemps. Un juge sévère y découvrira quelques réminiscences : les Rêves (Träume) y reviennent_. » Ces esquisses de Tristan contrastent avec la lumière sereine de Der Engel (« L’Ange »), évoquant le monde heureux de l’enfance, et avec le climat passionné de Schmerzen (« Douleurs ») et de Stehe still (« Reste tranquille »).Loin d’être des pièces disparates, ces cinq Lieder forment un cycle dont Wagner était fier. Le 9 octobre 1858, peu de temps après un départ précipité par la jalousie de Wesendonck et de Minna, il note dans son Journal : « Je n’ai jamais rien fait de mieux que ces lieder très rares sont mes autres œuvres qui peuvent souffrir la comparaison. »
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