Tchaïkovski : Roméo et Juliette, ouverture fantaisie (Andris Poga / Orchestre philharmonique de Radio France)
par francemusique
A l'occasion du 4e Concours international de chefs d'orchestre Evgeny Svetlanov, l'Orchestre philharmonique de Radio France, dirigé par Andris Poga, joue l'ouverture fantaisie de Roméo et Juliette par Tchaïkovski. Concert en direct de l'Auditorium de la Maison de la Radio, le 6 septembre 2018.Bien des compositeurs s’inspirèrent de Romeo and Juliet pour en faire une symphonie dramatique (Berlioz), un opéra (Bellini, Gounod), un ballet (Prokofiev) etc., Tchaïkovski préféra pour sa part, dans son ouverture-fantaisie, se contenter de la substance de la pièce de Shakespeare et non de ses péripéties. L’idée de composer une œuvre musicale d’après Roméo et Juliette lui avait été soufflée par Balakirev et Vladimir Stassov, ami de Moussorgski et tuteur du groupe des Cinq. Et c’est son propre frère Modeste qui lui suggérera, en 1876, d’écrire un Hamlet – que le compositeur baptisera également « ouverture-fantaisie ». Roméo et Juliette selon Tchaïkovski, « c’est un “survol” du drame et surtout de son ambiance », explique Michel-R. Hofmann, qui voit dans cette œuvre « un abrégé musical, un sommaire thématique d’un opéra existant à l’état de “possible” : un opéra vu à vol d’oiseau, considéré dans son ensemble par un observateur qui noterait au hasard creux et bosses, en n’obéissant qu’à une logique purement musicale », en l'occurrence une forme-sonate assez libre. Après une sombre introduction qui aboutit à un thème agité (dit « des épées »), vient un chant d’amour généreux qui va se perdre dans le retour du thème précédent, jusqu’à ce qu’une sorte de marche funèbre, à laquelle se superpose un thème consolateur, rappelle l’introduction du morceau. Les accords conclusifs inspirèrent à Balakirev des commentaires peu amènes : « La fin n’est pas trop mauvaise, mais à quoi bon ces accords inattendus, dans les dernières mesures ? Cela est parfaitement inélégant, et madame Rimski-Korsakov a rayé ces accords de sa charmante main, si bien que, dans sa transcription pour piano, le morceau s’achève pianissimo. Je ne sais si vous accepterez cela », écrivit-il à Tchaïkovski. Au fil des trois versions de l’œuvre, cependant, ce dernier ne remit jamais en cause la coda abrupte de sa partition.Texte par Christian Wasselin
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