Rachmaninov : Concerto pour piano n°2 (Nikolaï Lugansky / Orchestre national de France)

par francemusique

Nikolaï Lugansky interprète le 2e concerto pour piano de Rachmaninov en compagnie de l'Orchestre national de France placé sous la direction d'Emmanuel Krivine. Extrait du concert enregistré le 18 octobre 2018 à l'Auditorium de la Maison de la Radio. Il y a quelque chose de romanesque dans la manière dont Rachmaninov fut amené à entreprendre son Deuxième Concerto pour piano, dix ans après avoir composé le Premier Concerto (qui fut cependant révisé en 1917). Il faut revenir au concert du 15 mars 1897, au cours duquel est créée la Première Symphonie du compositeur. Ce soir-là, l’œuvre nouvelle est tellement malmenée par ses interprètes, et tellement peu défendue par la critique dans les jours qui viennent (César Cui, en particulier, se montre particulièrement virulent à l’égard de la symphonie), que Rachmaninov se sent blessé, accablé, meurtri. Victime d’un profond découragement, il se retire en lui-même, donne des tournées de concert en Russie et à Londres, essaye de trouver une compensation dans l’alcool, et cesse finalement de composer pendant trois ans. Il avouera plus tard avoir vécu, le soir du concert, « l’heure la plus douloureuse de (sa) vie ».C’est un psychiatre spécialiste des désintoxications sous hypnose, le docteur Niels Dahl, chez lequel Rachmaninov était venu consulter, qui l'encourage à composer un concerto : la pratique de son art n’est-elle pas la thérapeutique la plus simple et la plus efficace pour un artiste souffrant ? C’est ainsi que naît le Concerto en ut mineur, qui inaugure une ère particulièrement féconde dans la carrière de Rachmaninov et qui est resté l’un des concertos les plus souvent joués du répertoire (on peut l’entendre cité plus ou moins longuement dans des films comme Brève Rencontre ou Sept ans de réflexion). Sa célébrité même a longtemps éclipsé les trois autres concertos de Rachmaninov, quitte à ce qu’on en rajoutât dans le pathos : un musicographe fiévreux n’y entendait-il pas « une fosse aux serpents traversée de toute l’angoisse morbide du névrosé »

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