Michel Legrand : Celui-là, par Macha Meril
par francemusique
Macha Méril chante, avec Hervé Sellin au piano et l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mathieu Herzog, la chanson "Celui-là", de Michel Legrand.Au début de sa carrière, Michel Legrand ne chante pas. Il compose pour les autres. Claude Nougaro est devenu son parolier : « Avec lui, les épousailles de la langue française avec le blues, le swing, le bop semblaient naturelles. » Aussi pousse-t-il son partenaire à chanter lui aussi et à monter sur scène. Six années passent avant que Nougaro sorte son propre album. Puis Michel Legrand fait entendre à son tour sa voix, avec deux disques sortis en 1964 : « Michel Legrand chante et s’accompagne » puis « Sérénades du XXe siècle ». L’année suivante, Jacques Brel l’encourage à se produire en public et lui propose d’assurer sa première partie à l’Olympia : « J’y ai vu un geste d’amitié, se souvient Michel Legrand, une forme de reconnaissance aussi. Brel semblait m’encourager dans cette direction, comme j’avais moi-même encouragé Nougaro à chanter. Serions-nous plusieurs roues enchaînées les unes aux autres ? »En chantant, Michel Legrand renoue peut-être avec ses propres racines. Malgré le divorce de ses parents alors qu’il n’avait que trois ans, le musicien a travaillé très tôt avec son père, Raymond Legrand, compositeur et chef d’orchestre de variétés. Celui-ci a guidé ses premiers pas dans la musique de film, l’a incité à arranger, voire à écrire des chansons. Ayant rejoint le grand producteur de l’époque Jacques Canetti, Michel Legrand s’est alors mis au service de Jacqueline François, d’Henri Salvador ou de Catherine Sauvage, colorant déjà la variété française de jazz afin de lui ouvrir le marché américain. Autant dire que le compositeur de musique de film a d’abord été un compositeur de chanson.En 1956, le voici aux côtés de Maurice Chevalier à l’Alhambra ; il officie comme directeur musical. « De mon temps, on chantait des trucs qui balançaient en anglais », explique-t-il en 1964. Réservant l’anglais à ses chansons hollywoodiennes, il adopte la langue française mais ne boude ni les textes légers, ni les rythmes à la mode. Il explore toutefois des chemins plus personnels dès que les mots s’y prêtent. « Celui-là » en est l’exemple parfait, avec son harmonisation et son orchestration raffinées, en hommage au président américain assassiné. En anglais aussi, certaines chansons se révèlent plus intimes, participant à la construction psychologique et à la complexité des personnages d’un film. Le début d’Happy Ending est ainsi une succession très musicale de scènes heureuses, des émois d’un jeune couple en flash back. Nuits et jours, extérieurs et intérieurs, réalités et projections cinématographiques s’entremêlent dans des décors joliment enneigés, sur un mélange de jazz, de fanfare et de contrepoint à la Bach, avec une subtile combinaison de timbres de piano, de marimba et de clavecin. La progression dynamique témoigne-t-elle de l’évolution des sentiments ? Toute la question de
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