Mahler : Kindertotenlieder
par francemusique
Marie Nicole Lemieux interprète les Kindertotenlieder de Mahler avec le Philar de Radio France sous la direction de Mikko Franck. Extrait du concert enregistré le 22 novembre 2024 à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique dans le cadre des 60 ans de l'UNICEF France. #Mahler #contralto #MikkoFranckcycle de 5 lieder pour voix et orchestre sur des poèmes de Friedrich Rückert1. Nun will die Sonn' so hell aufgeh'n (Maintenant le soleil va se coucher)2. Nun seh' ich wohl warum so dunkle Flammen (Maintenant je vois bien pourquoi des flammes aussi sombres)3. Wenn dein Mütterlein (Quand ta petite maman)4. Oft denk' ich sie sind nur ausgegangen (Souvent, je pense qu’ils sont seulement sortis)5. In diesem Wetter in diesem Braus (Par ce temps, par cette averse)Angoissants, mélancoliques, désespérés : tels sont les mots qui viennent à l’esprit lorsqu’on écoute les cinq « Chants pour des enfants morts » que Mahler a composés en 1901 (n°1, 3 et 4) et pendant l’été 1904 (n° 2 et 5). Célibataire en 1901, Mahler a épousé la jeune Alma Schindler en mars 1902, puis il est devenu père de deux filles en 1902 et en 1904. Mais en 1907, sa fille aînée décédera brutalement, laissant désemparé le compositeur des Kindertotenlieder. Ces lieder étaient-ils tragiquement prémonitoires ? On l’a parfois pensé. Mais Mahler a surtout voulu composer des pièces douloureusement expressives en se plaçant du point de vue d’un père après la perte de ses enfants. Une fois encore, il jette son dévolu sur des textes de Friedrich Rückert, auteur de poèmes exprimant toute la souffrance du deuil causé par la mort de ses deux enfants, en 1833 et 1834. Mahler en tire des lieder d’un dépouillement extrême, aux nuances crépusculaires et lugubres. Les tons de ré mineur et d’ut mineur, majoritaires, y connotent la mort et le destin dans une vision romantique des couleurs harmoniques, tout comme les tournures chromatiques des phrases mélodiques.Le premier lied en ré mineur, opposant le soleil levant et la nuit intérieure du poète, baigne dans une lumière blafarde qui préfigure l’« Abschied » du Chant de la Terre ; le contrepoint dépouillé, où prédomine le hautbois mélancolique, contraste avec l’expansion lyrique des cordes, dans une oscillation qui perdure jusqu’aux dernières mesures. Dans le lied suivant, en ut mineur, un thème tristanesque languissant et indécis exprime à la fois l’incompréhension face au mystère de la mort et de la maladie, et la certitude d’avoir trouvé une réponse à ce mystère. L’écriture contrapuntique du troisième lied enrichit la simplicité d’un chant presque enfantin évoquant la « petite mère » qui entre dans la chambre ; toute velléité d’élan vers la joie se brise sur la réalité de la mort, dans un climat désolé où les bois déploient leurs volutes. Hésitant entre mi bémol majeur et mi bémol mineur, le quatrième lied traduit la confusion entre rêve et réalité : le poète, imaginant que ses enfants sont seulement sortis dehors, est certain de les re
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