Ligeti : Lontano
par francemusique
L'Orchestre Philharmonique et le Choeur de Radio France interprètent Lontano de Ligeti sous la direction de Barbara Hannigan. Extrait du concert enregistré le 11 octobre 2024 à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique. #ligeti #musiquecontemporaine #barbarahannigan Composé en 1967 et créé le 22 octobre la même année au festival de Donaueschingen par l’Orchestre symphonique du Südwestfunk Baden-Baden placé sous la direction d’Ernest Bour. Comme tous les compositeurs hongrois de sa génération, le jeune Ligeti vénère Bartók. Puis il se dégage de cette influence afin de trouver sa propre voie. Dans les années 1960, il cultive ainsi une écriture polyphonique très dense, communément appelée « micropolyphonie » (bien que Ligeti préfère le terme de « polyphonie saturée »). On l’entend notamment dans Atmosphères pour grand orchestre (1961), Lux aeterna pour seize voix mixtes a cappella (1966) et Lontano (1967). Les deux dernières partitions, fondées sur le procédé du canon, utilisent de surcroît le même matériau. Si Ligeti avait analysé les techniques canoniques de la Renaissance et du Baroque, chez Ockeghem (XVe siècle) et Bach en particulier, il les emploie à des fins bien différentes. Il cherche en effet à obtenir une harmonie très complexe et une masse sonore qui se transforment lentement : un résultat influencé par la musique électronique qu’il avait expérimentée dans les studios de la Radio de Cologne. Lontano commence sur un unisson, peu à peu brouillé par l’entrée de nouveaux instruments. Le canon ne s’entend pas en tant que tel. « J’ai utilisé le canon afin d’établir une unité entre le successif et le simultané », explique Ligeti.« Je pense toujours en voix, en couches, et je construis mes espaces sonores comme des textures, comme les fils d’une toile d’araignée, la toile étant la totalité et le fil l’élément de base. » Par moments, plusieurs instruments jouent la même note, afin d’obtenir « un son d’orchestre proche d’un son d’orgue, un son d’orchestre un peu brucknérien », et la sensation d’une plus grande clarté. Cette transparence est ensuite voilée par l’introduction de sons parasites de plus en plus nombreux, qui opacifient la texture. Selon une trajectoire inverse, quelques sons émergent, comme un faisceau traversant la masse nébuleuse. Ligeti rapproche cet effet 9 de La Bataille d’Alexandre (1529), tableau d’Albrecht Altdorfer « dans lequel les nuages – ces nuages bleus – se déchirent ; derrière, il y a le rayon lumineux doré du soleil couchant, qui transparaît au travers ». La musique produit ainsi une illusion d’espace, car des éléments semblent émerger du lointain ou s’y fondre.L’influence de Berlioz, de Debussy et de plusieurs compositeurs germaniques est ici revendiquée : « Une entrée soudaine des cors après un tutti éveille en nous, spontanément, sinon une association directe, du moins une allusion à certains éléments du postromantisme. Je pense ici avant tout à Bruckner et Mahler, mais aussi à Wagner. […] J’a
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