Fauré : Suite "Dolly" (Orchestre national de France)

par francemusique

La Suite « Dolly » fut d’abord écrite par Fauré en l’honneur d’une petite fille prénomméeHélène, que sa mère, Emma Bardac, future seconde épouse de Debussy, surnommaitaffectueusement Dolly. Elle prend place, écrit Harry Halbreich, « aux côtés des Scènesd’enfants de Schumann et du Children’s Corner de Debussy, parmi les musiques les plusravissantes jamais inspirées par l’enfance ». Les titres des pièces indiquent combien cettesuite fait allusion à des situations ou à des personnages familiers : la Berceuse avaitété écrite trente ans plus tôt pour une petite Suzanne, dont le père était préfet et ami deFauré ; Kitty (en réalité Ketty) était le nom du chien des Bardac ; « Le jardin de Dolly »est une « promenade au jardin du Tendre », selon Jean-Michel Nectoux, qui voit dans« Le pas espagnol », l’utime page du recueil, « un éblouissant hommage à España del’ami Chabrier »; quant à « Mi-a-ou », il ne s’agit pas d’une allusion à un chat mais à« Monsieur Raoul », frère de Dolly (qu’elle appelait « Aoul »).C’est Henri Rabaud (1873-1949) qui en assura l’orchestration en 1905, époque àlaquelle Massenet commençait à trop souffrir de surdité pour démêler les timbres : « Ceque j’entends le moins péniblement, c’est la voix chantée. Mais l’ensemble instrumental,c’est le chaos et la douleur », écrira-t-il quelques années plus tard. Condisciple de Proustau lycée Condorcet, Rabaud avait été notamment l’élève de Massenet au Conservatoirede Paris avant d’obtenir le Premier Grand Prix de Rome en 1894. Ironie de l’histoire, ilsuccédera en 1920 à Fauré au poste de directeur du Conservatoire. Il signa pour Dollyune orchestration fort délicate, dans laquelle Ravel devine « un tact et une souplesse desplus ingénieux ». La présence des trombones ne doit pas surprendre, car Rabaud les utilisedans leur couleur et leur nuance les plus douces (à la fin de « Tendresse » par exemple).On ne s’étonnera pas que le tambour de basque, dans « Le pas espagnol », contribue àla couleur locale de la musiqueOn précisera que la suite Dolly fit l’objet d’une version dansée qui fut créée en 1913 auThéâtre des arts, sur un livret de Louis Laloy et avec une chorégraphie de Léo Staats.

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