Debussy : La Mer (Orchestre national de France)
par francemusique
Debussy : La Mer, trois esquisses symphoniquesL'Orchestre national de France joue, sous la direction de Cristian Macelaru, La Mer, ensemble de trois esquisses symphoniques composé par Claude Debussy.StructureDe l'aube a midi sur la merJeux de VaguesDialogue du Vent et de la MerAprès la création de son opéra Pelléas et Mélisande en 1902, qui connut un retentissement considérable, Debussy était attendu par ses thuriféraires comme par ses détracteurs : les uns espéraient qu’il poursuivrait dans la même veine, les autres préparaient leurs invectives. Mais le compositeur avait prévenu : « Quant aux personnes qui me font l’amitié d’espérer que je ne pourrai jamais sortir de Pelléas, elles se bouchent l’œil avec soin. Elles ne savent donc point que si cela devait arriver, je me mettrais immédiatement à cultiver l’ananas en chambre ; considérant que la chose la plus fâcheuse est bien de se “recommencer”. »Tout en innovant, il perpétue cependant une certaine tradition française. La Mer, soustitrée « trois esquisses symphoniques », se souvient de la symphonie en trois mouvements illustrée par Franck, d’Indy, Chausson ou encore Dukas ; elle contient plusieurs thèmes et motifs cycliques traversant l’ensemble de l’œuvre ; ses mouvements sont dotés d’un intitulé évocateur et poétique. Néanmoins, elle présente une ductilité rythmique sans précédent : les nombreux changements de tempo et les superpositions de rythmes différents figurent le caractère insaisissable de la mer et du vent, éléments en perpétuelle métamorphose. La partition produit à la fois une sensation d’architecture solide et d’imprévisibilité.En outre, le timbre devient l’un des fondements de l’œuvre, indissociable du rythme, de la mélodie et de l’harmonie. L’orchestration reste toujours transparente, qu’elle évoque le mystère de l’aube, la clarté méridienne ou le conflit de l’air et de l’eau. On songe alors à Turner, « le plus beau créateur de mystère qui soit en art », selon Debussy. Comme chez le peintre anglais, la lumière flamboie, les formes semblent fusionner les unes dans les autres et l’aspect onirique se double parfois d’angoisse. On se rappellera aussi la passion du compositeur pour Hokusai, dont La Vague au large de Kanagawa (vers 1831) fut reproduite sur la couverture de La Mer.Debussy partageait avec l’artiste japonais la fermeté du dessin, le contraste des couleurs et la stylisation du sujet, s’efforçant de saisir non l’objet lui-même, mais son essence. Comme il l’écrivait en 1902, « l’art est le plus beau des mensonges. Et quoiqu’on essaie d’y incorporer la vie dans son décor quotidien, il faut vérifier qu’il reste un mensonge, sous peine de devenir une chose utilitaire, triste comme une usine. Ne désillusionnons donc personne en ramenant le rêve à de trop précises réalités… Contentons-nous de transpositions plus consolantes par ce qu’elles peuvent contenir d’une expression de beauté qui ne mourra pas ».
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