André Caplet : Conte fantastique

par francemusique

Nicolas Tulliez, Florianne Bonanni, Cyril Baleton, Sophie Groseil et Jérémie Maillard interprètent le Conte fantastique composé par André Caplet. Extrait du concert donné le 6 octobre à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique. L’année où André Caplet obtint le Prix de Rome (1901), Ravel dut se contenter d’un deuxième Second Grand Prix. Si la postérité n’a pas ratifié ce classement, le sort n’en favorisa pas moins à cette occasion un musicien de grande valeur, dont l’œuvre mérite d’être mieux connue. Quelques années après son retour de la Villa Médicis, le jeune homme reçut la commande d’une œuvre pour harpe chromatique, instrument avec lequel la maison Pleyel prétendait détrôner la harpe à pédales de son concurrent Érard. Également sollicité, Debussy avait composé ses Danses pour harpe chromatique et cordes (1904).Caplet fit quant à lui le choix d’une Légende pour harpe et orchestre inspirée par Le Masque de la mort rouge, célèbre conte de l’écrivain américain Edgar Poe (1842). Symbole de charme et d’élégance, la harpe avait fait ses débuts à l’orchestre symphonique dans « Un bal », deuxième mouvement de la Symphonie fantastique de Berlioz (1830). Or, de quoi s’agissait-il dans ce conte horrifique, sinon d’un bal masqué fantastique et macabre ?À la création, l’auteur de la Légende fut déclaré par la critique « en proie à la fièvre debussyste ». Si le raffinement de l’écriture autorisait ce rapprochement, la dureté des harmonies et des sonorités tranchait pourtant avec la sensualité et la suavité du style de Debussy, dont Caplet fut l’ami et le proche collaborateur. Restée inédite, l’œuvre fut oubliée d’autant plus vite que la harpe chromatique ne parvint pas à s’imposer.Elle ne ressortit de l’ombre qu’au début des années 1920, lorsqu’elle fut transcrite pour harpe à pédales par Caplet à la demande de la harpiste Micheline Kahn. Le musicien en profita pour la réécrire pour harpe et quatuor à cordes et donna à cette nouvelle mouture le titre de Conte fantastique. L’expérience semble l’avoir incité à poursuivre dans cette voie puisque son chef-d’œuvre, Le Miroir de Jésus (1923), fait appel au même effectif pour accompagner les voix. Sorte de poème symphonique de chambre, la partition du Conte fantastique est précédée d’une version abrégée du conte de Poe. Bien que sa partie soit d’une haute virtuosité, la harpe n’y joue pas le rôle habituel du soliste : ce sont avant tout sa sonorité et son rapport avec le quatuor qui intéressent Caplet.Très inventive, l’instrumentation contribue à créer un véritable climat de terreur : glissandos quasi bruitistes de la harpe, pizz arrachés, jeu sur la touche, sur le chevalet, avec le bois de l’archet (col legno), glissandos des cordes en harmoniques, etc. La Mort fait son entrée dès l’angoissante introduction, où son thème rampant est plusieurs fois égrené à la harpe. La partie centrale évoque l’insouciance et la séduction d’une musique de bal, sur un rythme tournoyant de valse. Aux onze co

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