Arnaud Passalacqua, Ingénieur, maître de conférences en histoire contemporaine, Université Paris-Diderotjeudi 24 novembre 2016 [18h30 - 20h30]
Les systèmes de transport peuvent être considérés comme des mobiles sur un espace public commun, d'abord celui de la voirie, mais aussi, de façon plus abstraite, celui du débat public et des choix politiques qui s'opèrent entre ces systèmes. Ainsi, depuis les débuts des transports urbains, c'est une véritable bataille qui s'est engagée entre ces systèmes, faite d'oppositions, d'alliances et de retournements d'alliances, chacun cherchant à se garantir une place sur cet espace public polysémique.
La dynamique historique qui en résulte, depuis les débuts du trottoir à l'ère hippomobile, semble être une ségrégation de l'espace public. Ceci conduit à interroger la relation qu'entretiennent les systèmes de transport avec l'infrastructure qui les porte. De ce point de vue, les modes les plus rigides ne l'emportent-ils pas sur les plus souples ? Comment se construit la légitimité de chacun à occuper une partie de l'espace public ? Comment interfère-t-telle avec le marquage du territoire et la visibilité des systèmes mobiles ?
Par ailleurs, beaucoup de systèmes de transport ont produit leur propre espace public, en particulier en ville. De la gare du XIXe siècle à la plate-forme arrière des autobus parisiens, les transports sont des lieux de la confrontation, du mélange et de l'apprentissage de l'anonymat urbain, depuis les débuts de l'industrialisation. Il s'agit là d'une autre dimension de ce que sont les espaces publics de la mobilité. Ce cours illustrera ces différentes considérations historiques à partir d'une discussion croisant le cas parisien avec celui d'autres agglomérations européennes, en fonction des périodes ou enjeux considérés. Il proposera enfin une étude de cas consacrée aux rapports entre les systèmes de tramways – anciens comme contemporains – et l'espace public.
Vidéo suivante dans 5 secondes
