Le quadruple meurtre de Vaux le Pesnil

par Karl Zero

Le 16 septembre 1995, une famille entière se volatilise mystérieusement. En l'absence de cadavres, on croit d'abord à une fugue, puis à leur séquestration, dans une secte. Les corps seront finalement retrouvés un an plus tard et trois suspects seront alors arrêtés. Face aux carences de l'enquête officielle, Gilberte Crovisier, la mère de l'une des disparues, avait décidé de mener l'enquête elle-même...Elle raconte: « Son coup de téléphone a changé ma vie. “Est-ce que les enfants sont chez vous ?“ Je n'oublierai jamais le ton alarmé de la mère de Donald, mon gendre. C'était en septembre 1995. Son fils n'était pas venu lui rendre visite comme prévu. Depuis, il était injoignable. J'ai essayé d'appeler Stéphanie. En vain. Personne n'avait eu de leurs nouvelles. Depuis le 17 septembre, ma fille, son compagnon et leurs deux enfants de 2 et 3 ans s'étaient comme volatilisés de leur petite maison de Vaux-le-Pénil, en Seine-et-Marne. J'ai tout de suite eu un mauvais pressentiment. Même à 22 ans, ma fille ne serait jamais partie sans prévenir, surtout avec les enfants. Je me suis rendue chez elle pour essayer de comprendre. Depuis 1991, elle vivait dans une petite maison abandonnée. La municipalité lui avait donné l'autorisation de l'occuper gratuitement à condition de l'entretenir. C'est là que mes deux petits-enfants, Donald Junior et Donatella ont fait leurs premiers pas.Stéphanie avait décroché un emploi d'agent de service dans un lycée de Melun. Donald, musicien, grattait souvent sa guitare dans le grand jardin où ils recevaient leurs amis. D'ailleurs, quand je suis arrivée sur place, j'ai cru les retrouver là, tous réunis. Il y avait de la lumière à la fenêtre. Peut-être étaient-ils rentrés de leur escapade après tout ! Sauf que c'est un inconnu qui a ouvert la porte. Un certain Edgar Boulai, qui s'est présenté comme un ami. Ils étaient soi-disant partis tous les quatre et lui auraient demandé de garder la maison. Une femme blonde à ses côtés a acquiescé. Pourtant les voitures étaient garées devant la maison. Cela n'avait pas de sens. Les deux intrus ont prétendu que la famille avait filé dans une camionnette blanche avec des inconnus en n'emportant qu'un matelas. Je n'en ai pas cru un mot. Les jouets n'avaient pas été rangés. Stéphanie avait laissé son manteau et Donald, sa guitare préférée.J'ai couru au commissariat qui m'a d'abord prise pour une grand-mère intrusive. On a refusé d'enregistrer ma plainte au motif qu'ils étaient majeurs et libres de leurs faits et gestes. Ma lettre au procureur a été classée sans suite. Avec le soutien de mes deux autres fils, j'ai placardé des avis de recherches dans les rues et demandé une “recherche dans l'intérêt des familles“ à la préfecture. J'ai tout imaginé. J'ai songé à une dispute conjugale qui aurait mal tourné, par exemple. En même temps, le comportement de ce mystérieux locataire semblait suspect. Il était comme chez lui dans la maison, avait refait les peintures, changé la moquette, mis son nom sur la boîte aux lettres, et même vendu leur voiture. Grosse erreur : j'en ai profité pour porter plainte pour vol. Cette fois, la police m'a écoutée. Edgar Boulai a enfin éveillé les soupçons. Dans les jours qui ont suivi son interrogatoire, une perquisition a permis de relever des traces brunâtres de sang séché. L'homme avait un casier judiciaire. C'est sa maîtresse, la blonde, qui a craqué la première : elle était sur place la nuit de la disparition de ma fille, et dit avoir entendu des “cris de bêtes qu'on égorge“. La police a cherché dans le jardin et trouvé quatre corps enterrés avec un matelas plein de sang. Edgar Boulai, sans domicile fixe, voulait simplement récupérer la maison. Il a décimé ma famille pour ce mobile dérisoire ! Mon seul regret est que sa maîtresse ait été relaxée alors qu'elle avait permis de retrouver les corps. Est-ce qu'elle songe parfois à ce que ma famille a souffert ? Je l'espère, car, moi, j'y pense tous les jours. J'en parle souvent. Moi vivante, le meurtrier de ma fille ne sortira pas de prison." Jamais Edgar Boulai n' a avoué. Ni aux enquêteurs, ni pendant le procès, muet pendant les huit jours d'audience. Le 18 juin 2000, Edgar Boulai est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Vidéo suivante dans 5 secondes

Autres vidéos

Liens commerciaux