Rassasié de dollars, Netflix veut son Oscar
par Lopinionfr
Amis du cinéma, vous allez être servis : vendredi soir, les Césars à Paris… et dimanche soir, les Oscars à Hollywood. Eh bien croyez moi si vous le voulez, mais c’est encore à Los Angeles que va se jouer la partie la plus excitante. Et devinez grâce à qui la compétition s’annonce excitante : Netflix bien sur ! Encore et toujours Netflix… qui s’est lancé depuis trois mois dans une féroce campagne de promotion pour conquérir sa toute première statuette de meilleur film. Selon le New York Times, le géant de la vidéo à la demande aurait dépensé plus de 30 millions de dollars pour la promotion du film « Roma » d’Alfonso Cuaron, qui en a couté deux fois moins ! Et en plus de ce budget astronomique, Netflix s’est surtout offert les services de Lisa Taback, une spécialiste du lobbying hollywoodien qui a déjà plusieurs Oscars à son actif : Le discours d’un roi (Oscar du meilleur film 2011), The Artist (Oscar du meilleur film 2012 pour Thomas Langman et Oscar du meilleur acteur pour Jean Dujardin) et Spotlight (Oscar du meilleur scénario et meilleur film en 2016) lui doivent notamment leur succès. Mais pourquoi diable cet investissement colossal alors que les abonnés arrivent en masse dans l’escarcelle de Netflix ? Eh bien pour une raison simple : une place parmi les grands de ce monde ne s’achète pas qu’à coups de milliards mais avec du prestige. Et à Los Angeles, rien n’est plus prestigieux qu’un Oscar. Si Netflix a donc attiré Alfonso Cuaron, le réalisateur de Roma, Martin Scorsese et les frères Coen, il doit encore réussir à dégoter un acteur de tout premier plan, une superstar comme Amazon l’a fait avec Julia Roberts et bientôt Al Pacino ! Et puis Netflix en a assez qu’on le ramène toujours aux milliards de dollars qu’il dépense ou au nombre de séries qu’il produit. Netflix veut changer son « storytelling » et nous raconter une nouvelle histoire : celle d’un faiseur de succès. Il y a deux manières d’y parvenir : faire comme les autres et dire combien de fois vos films ont été vues ou alors obtenir des récompenses. Quoi de mieux pour attirer un Brad Pitt ou une Meryl Streep que de lui faire entrevoir une nomination, voire une victoire aux Oscars ? C’est pour ça qu’il ne faut pas vraiment croire Reed Hastings quand il dit qu’il n’a pas besoin du festival de Cannes. C’est probablement vrai qu’une Palme d’or, ça ne sert pas à recruter des abonnés, mais ça sert très certainement à motiver les stars de s’engager avec Netflix, des stars qui feront à leur tour venir de nouveaux clients. Et nous voici de nouveau dans un business vertueux.
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