Suis-je responsable de tout ce qui m'arrive ?

Denis Morissette - Suis-je responsable de tout ce qui m'arrive ? La réponse à votre question est Non. Nous ne sommes pas responsables de tout ce qui nous arrive. J'insiste sur le mot TOUT. Néanmoins, cela ne veut pas dire que nous ne sommes responsables de rien. Vous comprendrez que votre question n'est pas simple et met en perspective des notions complexes qui doivent être revues dans un contexte personnel et individuel. Pour mieux répondre à votre question laissez-moi vous proposer 3 niveaux de responsabilités : 1) Vous n'êtes pas responsable de comment vous avez commencé dans la vie mais vous êtes responsable de comment vous allez finir! Élie Wiesel, rescapé d'Auschwitz et prix Nobel de la Paix 1968, a dit un jour que Dieu a créé les humains parce qu'Il aimait les histoires. Je ne sais si cela est théologiquement exact mais cette façon de voir constitue une belle représentation de la vie et de la condition humaine. Vous et moi sommes des histoires. Nous n'apparaissons pas sur terre de façon spontanée. Notre histoire s'inscrit dans l'histoire de nos parents, de notre société et de notre époque. En cela, nous n'en sommes pas responsables. Par contre, nous ne sommes pas que façonnés par notre histoire, mais nous l'écrivons aussi parce que nous sommes participants de notre vie. Nous n'avons aucun pouvoir sur notre passé mais nous avons la force de nos choix pour bâtir notre avenir. 2) Vous n'êtes pas responsable de ce que les autres vous on fait mais vous êtes responsable de ce que vous faîtes avec ce que les autres vous on fait! Il existe des drames effroyables dans ce monde. Des drames individuels : abus sexuels, maltraitance, rejet, abandon, etc. et des drames collectifs : guerres, génocides, tremblements de terre. Nous ne sommes pas bien sûr personnellement responsables de tout ça. Par contre, lorsque ces drames arrivent, il est de notre responsabilité de bien réagir à ceux-ci. Cela n'est pas facile en soi, j'en conviens. Néanmoins, c'est la seule façon de quitter un passé et de s'affranchir des expériences douloureuses qui sont survenues. Il faut pouvoir se dire : Qu'est-ce que je fais avec ce gâchis? . Ces choses me sont arrivées. Je ne les méritais pas mais elles me sont bien arrivées... et c'est à moi de décider ce que je vais faire de tout cela . Je refuse le déterminisme et le fatalisme!  Victor Frankl, un psychiatre juif allemand croyait au déterminisme comme bon disciple de Freud jusqu'à la 2e guerre mondiale où il fut arrêté et interné. Dans la misère des camps de concentration, il a tout vu comme dégradation humaine et il a même vu ses parents, sa femme et son frère mourir. Victor Frankl a dit avec justesse: La dernière des libertés humaines est celle de choisir notre attitude au sein des circonstances.  Voilà ce sur quoi nous avons du pouvoir. 3) Vous n'êtes pas responsable de ce que les autres vous font mais vous êtes responsables de ce que vous les laissez vous faire ! Bien souvent les gens disent : Je suis fatigué que les gens me traitent de la sorte . Ils râlent, critiquent, blâment mais ne font rien de concret pour empêcher les gens de s'infiltrer dans leur vie, de leur parler durement, etc. Apprendre à s'affirmer sainement et efficacement constitue la manifestation d'une prise en charge de notre vie. Il faut savoir retrouver un certain pouvoir pour cesser ainsi de subir constamment ce que les autres nous font. La responsabilisation constitue une façon de s'affranchir des autres, du moins de l'effet néfaste qu'ils ont sur notre vie. Le mot responsable dans son étymologie latine donne le sens de pouvoir répondre . Quelqu'un qui est responsable se donne donc du pouvoir celui de réagir aux autres et ainsi découvrir une plus grande autonomie dans ses relations. La liberté recherchée est indissociable de la responsabilité.