Qui est Malou Khebizi, la révélation marseillaise du film Diamant Brut ?
par La Provence
C’est un premier film puissant porté par la jeune Marseillaise Malou Khebizi, 21 ans : sélectionné à Cannes, Diamant brut n’en finit pas de récolter les récompenses, Prix de la critique et Prix d’interprétation au festival de Namur, Prix d’interprétation au festival de Mâcon. Malou Khebizi incarne Liane, 19 ans, qui vit avec sa mère et sa petite sœur dans un lotissement populaire de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle est prête à tout pour intégrer une émission de téléréalité. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour Miracle Island. L’actrice et la réalisatrice étaient les invitées du Pathé Joliette à Marseille. Morceaux choisis. La critique d’un système Agathe Riedinger : Je suis fascinée par la téléréalité que je regarde depuis toujours, tous les jours, notamment les émissions dites d’enfermement ou de collocation. Je suis sidérée par la violence que ces programmes véhiculent et par leurs valeurs, le mépris de classe, la culture de viol qu’ils alimentent, l’hypersexualisation de la femme, la misogynie : ces valeurs sont là pour créer du buzz, exciter le regard du spectateur. Je suis sidérée que personne ne s’intéresse à cela, qu’on les considère comme du divertissement, quelque chose d’inoffensif alors qu’il n’en est rien, à des heures de grandes audiences. Toutes ces réflexions se mélangeaient à mon admiration pour les candidates qui sont jetées en pâture dans ces émissions. Il se dégage de leur apparence et de leur hyperféminité quelque chose d’ambivalent, entre la déclaration de liberté et d’émancipation et le constat qu’elles répondent aux diktats de beauté. J’ai donc écrit mon premier court-métrage, "J’attends Jupiter", qui abordait déjà ces problématiques, puis "Diamant brut". Malou Khebizi : Liane est prisonnière de son image, elle est prête à tout, elle n’est pas connectée à son corps. Elle est aussi prisonnière de sa position sociale et de son milieu. Le film montre à quel point elle est étouffée dans sa vie. Son physique est son moyen d’être regardée, d’être aimée, d’attirer l’attention. Besoin d’amour et ascenseur social Agathe Riedinger : Les candidats de la téléréalité sont recrutés dans les milieux sociaux les plus défavorisés, et ils ont souvent vécu une fracture familiale, un abandon du père ou de la mère. Il y a toujours quelque chose de l’ordre de l’abandon et de la blessure. La téléréalité est bien évidemment une réparation d’amour, c’est la lecture que j’en fais. C’est le cas de Liane qui cherche le regard de sa mère, un regard qui lui dit qu’elle est valable et qu’elle est digne. C’est pour cela que le système marche. Et je comprends les candidats : ils gagnent de l’argent et on leur dit qu’ils sont assez bien pour faire quelque chose. Malou Khebizi : Être participant à une émission de téléréalité, c’est un vrai métier aujourd’hui. Quand on vient d’un milieu où il ne se passe pas grand-chose, cela ouvre des possibilités. Je ne peux pas dire que j’aurais refusé
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