Pourquoi je me sens toujours coupable ?
par CmavieTV
Denis Morissette - Pourquoi est-ce que je me sens toujours coupable de tout et de rien ? Peu d'émotions sont aussi pénibles et dévastatrices à éprouver que la culpabilité. Ce sentiment agit un peu comme un bourreau, torturant lentement sa victime jusqu'à ce que celle-ci sombre, paralysée, dans le désespoir. La réalité est que nous éprouvons tous ce sentiment, que nous en soyons conscients ou non. Mais dans la majorité des cas, nous ne nous y attardons pas puisque celui-ci ne nous empêche pas de fonctionner normalement. Pour d'autres, cela peut être fort différent. Ils sont prisonniers de leur culpabilité. La dimension particulière de leur état est que leur sentiment de culpabilité est disproportionné par rapport à la réalité vécue. Ils se sentent coupables pour tout et pour rien. Ils se sentent coupables... d'être, tout simplement. Comme si la vie ou Dieu leur avait accordé un droit et un privilège, celui de vivre et d'exister, qu'ils ne méritent pas. Il est dit communément de la culpabilité que c'est le terrain où la religion et la psychologie s'affrontent et se rencontrent le plus souvent. Les premiers accusant les seconds de libéraliser les moeurs et ces derniers accusant la religion de réprimer et d'opprimer les gens au lieu de les libérer. Il est évident qu'il y a une part de vérité dans les deux camps. Mais souvent ces arguments sont fondés sur l'exagération que l'on retrouve chez certains partisans souvent minoritaires, de ces deux mêmes camps. Avant toute chose, ce que vous devez savoir, c'est qu'il y a une différence fondamentale entre la culpabilité comme état et le sentiment de culpabilité. Pourquoi cette distinction? Simplement parce que l'un relève des émotions et donc d'une perception personnelle, c'est-à-dire subjective, et l'autre provient d'un verdict, légal par exemple, donné sur le comportement de quelqu'un à partir d'un certain nombre de faits, d'observations. C'est ici une perception davantage objective. Ca peut donc vouloir dire qu'une personne peut être coupable d'un délit sans éprouver de sentiment de culpabilité. On retrouve en particulier cette tendance chez certains grands criminels. D'autres se sentent coupables et vivent un état morbide d'accusation, de condamnation et d'apitoiement sans que leurs actions ou les gestes en cause soient proportionnels à leur état intérieur. Habituellement, le sentiment de culpabilité est répertorié comme faisant partie des émotions relatives à la perception et à l'appréciation de nous-mêmes tout comme les sentiments de réussite et d'échec, de fierté ou de honte. Peur, honte et culpabilité sont trois soeurs. Elles se confondent souvent. La culpabilité est souvent rattachée à la peur d'échouer, par exemple. Un chercheur américain, Erik H. Erikson, l'oppose à l'initiative. Quelqu'un qui n'a pas d'initiative, c'est quelqu'un qui lutte constamment avec la culpabilité. Si j'échoue, je serai coupable. La culpabilité provient du fait que nous percevons nos actions, notre état même, comme divergent de ce qui est bien, normal, correct ou moral. Dans ce sens, la particularité de la culpabilité est qu'elle paralyse. En réaction à elle, nous optons pour la passivité, nous sombrons dans l'impuissance. C'est probablement ce qui fait de la culpabilité un élément de souffrance morale extrême. Les gens qui vivent constamment dans cet état considèrent tout geste et toute action comme perdus d'avance. Ils deviennent fatalistes. Peu importe ce qu'ils font, ils vont échouer, peu importe ce qu'ils pensent, ils auront tort de toute façon. Alors, la question se pose. Comment être affranchi de cette culpabilité malsaine? Laissez-moi vous proposer quelques pistes de solutions. Premièrement, il vous faut reconnaître la présence de cette émotion dans votre vie. Il vous faut faire une différence entre ce que vous êtes comme personne et ce que vous éprouvez comme sentiment. En second lieu, vous devez prendre du temps pour identifier la source de votre culpabilité. La culpabilité malsaine peut provenir d'une éducation rigide ou d'un milieu ou se manifeste une culture de la perfection (ce qu'on appelle le perfectionnisme). Il est évident que quelqu'un qui doit être parfait qui ne le pourra jamais est condamné à éprouver un sentiment de culpabilité continuel. Troisièmement, il faut pouvoir travailler à changer nos conceptions. Les sentiments sont toujours associés aux représentations que nous avons. En les mettant ainsi en lumière, nous découvrons souvent que nous nous sentons coupables pour tout plein de choses qui ne relèvent pas d'un geste ou d'un acte répréhensif. Le défi de la liberté humaine consiste plus que tout à s'affranchir des chaînes intérieures. Dans tout ce que nous lie dans la vie, la culpabilité est assurément au sommet de la liste. Cela est vrai pour tous les humains.
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