Nos 2 enfants se tapent souvent
par CmavieTV
Agnès Laucher - Nos deux enfants de 2 et 5 ans se tapent souvent. Nous ne voyons pas toujours qui commence, mais c'est souvent le même qui se met à pleurer. Que faire ? - bagarre frappe dispute - La dualité de la relation fraternelle confronte vos enfants à cet autre, ce rival. La dualité se définit à la fois par l'affection et le conflit, la rivalité et le pouvoir. Elle est donc caractérisée par une certaine ambivalence. Ce que vous décrivez sont les conflits entre amour et haine liés à la rivalité fraternelle. Ces conflits sont légitimeset inévitables. Les frères et soeurs en s'exerçant l'un et l'autre se développent. Ce sont les confrontations inévitables de la dualité dans la relation fraternelle. C'est une sorte de bataille pour l'égalité et une sorte de complicité entre vos deux enfants. La rivalité n'est pas de l'agression: sans amour, pas de rivalité ni de jalousie. Mais la rivalité n'est pas de la jalousie. Cette dernière se joue à trois alors que la rivalité se joue à deux. Souvent cette rivalité se manifeste parce que les deux convoitent le même objet ou le même jouet. Ca peut aussi être suite à une injustice vécue, même de plusieurs jours. Alors comment réagir en tant que parents pour être justes ou plutôt pour que vos enfants sentent que vous êtes équitables. Leur peur, et même parfois leur croyance, c'est que le frère ou la soeur soit le ou la préféré(e). La question n'est pas de savoir qui a commencé dans le seul but de lui donner une punition qu'il semblerait mérité. Souvent vous avez tendance à gronder celui qui a tapé et à consoler celui qui est la victime. Or, celui qui a tapé se sent mal aussi. En lui donnant une punition supplémentaire ou en l'excluant du jeu, ou en prenant l'objet du litige, vous ne ferez qu'empirer sa situation. Son estime de soi aura alors du mal à se construire de manière positive. Au lieu de juger sur le visible, sur ce qui frappe vos yeux, sur le résultat, regardez plutôt au coeur de chacun de vos deux enfants. C'est comprendre les luttes qu'ils ont chacun. A deux ans, il ne distingue pas encore ce qui est bien de ce qui est mal. Son vocabulaire est encore limité. Il fonctionne encore souvent sur le mode des pulsions et des instincts. A cinq ans, il y a des choses intolérables, qu'il ne peut supporter. A cet âge, il a à peine conscience du bien et du mal. Parlez avec eux et comprenez ce qu'ils ressentent. Vous manifesterez alors de la bienveillance et de la grâce. N'ayez pas peur, vous n'encouragez pas ainsi l'expression de leurs gestes agressifs. Vos enfants doivent être convaincus que leur opinion est respectée et qu'elle vous intéresse. Le dialogue peut seulement être envisagé alors, en dehors de tout sentiment de culpabilité. De plus, croyez dans les ressources internes de vos enfants en adoptant une attitude non moralisante mais compréhensive. Au lieu de gronder ou de donner une fessée, posez-leur des questions sur leurs motivations et leurs émotions afin de les aider à acquérir leur propre système de défense. Ce qui intéresse vos enfants est de savoir si vous comprenez leurs sentiments. Si vous voulez qu'ils soient moins agressifs, qu'ils apprennent à gérer leurs conflits d'une manière moins violente, montrez-leur l'exemple, par votre calme et votre tempérance. Pourtant, il ne s'agit pas pour autant de tolérer l'agressivité sans opposer de limites. Il ne s'agit pas non plus de protéger toujours le plus jeune. Par exemple, donnez la possibilité à chacun de s'échapper de ces conflits de rivalité, sans votre intervention, en leur proposant d'aller dans une piéce à verrou pour y jouer seul en toute tranquillité. Vous les rendrez ainsi responsables dans leur refus de se faire taper ou même de taper: c'est une manière d'apprendre à gérer sa force. Au lieu de taper, aller se réfugier et faire autre chose comme dessiner ou jouer calmement seul, fait preuve d'une grande maturité. Les enfants pourront ensuite vous parler de ce qui s'est passé. Si vous êtes témoin d'une bagarre, votre attitude ne sera pas la même si vous êtes le père ou la mère. En tant que père, vous allez la bloquer en regardant vos enfants droits dans les yeux. En tant que mère, vous allez refroidir avec un gant mouillé la face congestionnée de votre enfant qui tape en lui disant: "calme-toi". Ensuite, authentifiez la douleur de celui qui a été la victime. Mais ne dévalorisez pas son frère ou sa soeur qui a tapé. Ne le disqualifiez pas non plus. Parce que la douleur aura été reconnue par vous, votre enfant pourra valider ce qu'il ressent. Lorsque vous dites: "oui tu as vraiment mal ici. La douleur va partir, mais tu dois être fâché aprés ton frère, n'est-ce pas? Tu as envie de lui faire mal aussi?" vous reliez entre eux un événement et une représentation de son corps. Ainsi, cela lui permet de se relier à vous qui comprenez ce qui est en train de se passer en lui. Ne dites donc pas "mais non tu n'as pas mal, ce n'est rien, ou viens sur mes genoux pour te débarrasser de la douleur". Ce serait lui mentir et méconnaître ses besoins. Grandir, c'est aussi apprendre à reconnaître et à gérer ses émotions. Cela prend du temps. Jusqu'à l'âge de sept ans les garçons, qui sont plus agressifs par nature que les filles, ne délimitent pas toujours leur territoire avec la parole seule. En tant que parents, décidez de tenir compte de leurs conflits internes car le probléme n'est pas forcément l'agression proprement dite. Ce qui est en jeu concerne leur estime de soi et l'apprentissage de la gestion de leurs émotions. Toutefois, si vous pensez que ses agressions sont dictées par de la méchanceté ou de la violence, ou si vous estimez que votre enfant n'arrive jamais à jouer calmement, et si vous êtes inquiets par son comportement en général, parlez-en à votre médecin. Cela peut être le signe d'une souffrance plus profonde.
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