Mon ami refuse de me pardonner

par CmavieTV

Jacques Buchhold - Je me suis rendu compte du mal que j'ai fait à mon ami et je le lui ai dit. Mais il a refusé de m'écouter et de me pardonner, et je me sens encore plus coupable. Si le fait de refuser de reconnaître ses torts est fréquent, celui de pardonner ne l'est pas moins. On veut faire payer le prix fort à son offenseur et la guerre s'installe ! Des relations de voisinage se trouvent ainsi détruites et, dans certaines familles, on ne pardonne pas à son frère ou à sa soeur d'avoir mis main basse sur cette part d'héritage à laquelle on jugeait avoir droit. Parfois les choses ne sont pas aussi claires : on pardonne, mais on ne cesse de rappeler la faute qui a été commise. Dans certains couples, il suffit qu'un problème surgisse pour qu'on exhibe la liste des difficultés qui ont jalonné les dix années passées et qui, cependant, avaient été pardonnées. " Je pardonne, mais je n'oublie pas ! ", entend-on dire souvent. Bien entendu, pardonner, ce n'est pas devenir amnésique ! Mais le vrai pardon refuse de faire mémoire des offenses commises dont on s'est repenti. Il ne revient plus dessus, elles sont une affaire classée. Mais alors que faire face au refus de pardonner alors qu'on reconnaît le tort qu'on a fait ? Il faut se souvenir que le pardon n'est jamais un dû : c'est une grâce, un acte immérité. Quel criminel, même repentant, pourrait exiger de sa victime qu'elle lui pardonne ? Ou quel mari serait assez fou de penser que sa femme est obligée de lui pardonner parce qu'il a reconnu lui avoir été infidèle ? L'offenseur qui se repent vraiment s'en remet à la bonté de l'offensé. De même le pardon de Dieu est toujours gratuit, jamais forcé. Disons-le clairement : l'offensé est libre de refuser de pardonner même après la repentance de l'offenseur. Mais a-t-il raison de le faire ? Voilà la question. Pourquoi l'Évangile, en particulier, insiste tant sur la nécessité de pardonner ? " Si vous pardonnez aux autres leurs fautes, disait Jésus, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. " L'une des raisons est ce que nous sommes, car tout offensé sera un jour ou l'autre offenseur. Et le chrétien sait que les offenses que Dieu lui a pardonnées sont bien plus nombreuses que celles que, lui, pourrait avoir à pardonner. Refuser de pardonner, c'est faire preuve d'un incroyable manque de lucidité sur soi-même et d'une étonnante dureté de coeur. Car comment pourrions-nous refuser à autrui la grâce dont nous avons nous-mêmes besoin ? Certes, blessé par l'offense, il n'est pas facile de pardonner. C'était le cas de Corrie ten Boom. Cette Hollandaise avait été déportée avec sa soeur au camp de concentration de Ravensbrück pour avoir cherché à cacher des Juifs chez elles. Betsie, sa soeur, y avait perdu la vie. Après la guerre, en 1947, Corrie ten Boom était venue en Allemagne pour annoncer le message du pardon offert par Dieu. C'était lors d'une de ces rencontres, à la fin de la réunion. Je lis ce qu'elle a écrit : "C'est à ce moment-là que je l'aperçus ; il se frayait un chemin, à contre-courant, vers le devant de la salle. Je vis tout d'abord son pardessus et son chapeau brun, puis un uniforme bleu et une casquette nazie, et ensuite une tête de mort. En un éclair, tout me revint à l'esprit." L'homme qui s'avançait vers elle avait été surveillant à Ravensbrück, l'un des plus cruels. "Vous avez mentionné Ravensbrück dans votre discours, lui dit l'homme. J'étais surveillant là-bas. Mais depuis lors, je suis devenu chrétien, ajouta-t-il. Je sais que Dieu m'a pardonné toutes les cruautés que j'ai commises là-bas, mais j'aimerais l'entendre aussi de votre bouche. Mademoiselle (il tendit la main), voulez-vous me pardonner ?" Corrie se tenait là, le coeur froid. Mais, écrit-elle, " je fis cette prière en silence : "Jésus, aide moi". " " D'un geste raide et mécanique, précise-t-elle, je posais une main de bois dans celle qui m'était tendue. Et il se produisit à cet instant quelque chose d'incroyable : je sentis un courant naître et jaillir dans nos mains serrées ; puis cette chaleur guérissante sembla se répandre dans tout mon être, et mes yeux s'emplirent de larmes. Je vous pardonne, frère ! De tout mon coeur. " Comment pourrait-on refuser de pardonner lorsqu'on sait qu'on vit soi-même du pardon de Dieu et d'autrui ?

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