Lui pardonner s'il ne reconnaît pas ses torts ?

par CmavieTV

Jacques Buchhold - Doit-on toujours pardonner, que l'offenseur reconnaisse ses torts ou non ? Pardonner, pour nombre de personnes, c'est renoncer à la rancune. Le pardon serait ainsi une thérapie qu'on s'appliquerait à soi-même, seul, dans sa chambre. Il faudrait donc ainsi toujours pardonner. Bien des couples fonctionnent de cette manière : on se fâche, on boude, puis on reprend la vie commune sans revenir sur ce qui s'est passé. Chacun, de son côté, a " pardonné ". Un auteur donne un autre exemple de cette compréhension du pardon. Il mentionne le cas d'une femme qui était tombée dans l'alcoolisme pendant plusieurs années après avoir subi la médisance de la part des membres de son entourage. Après s'être ressaisie, elle avait renoncé à son amertume et avait renoué avec ses amis. Et l'auteur ajoute : " Jusqu'à ce jour, personne n'est venu lui demander pardon. Elle n'a jamais cherché à dire à qui que ce soit qu'elle avait pardonné, afin que personne ne se sente gêné. Le miracle c'est que maintenant, tous l'aiment et l'entourent de son affection. " Cet exemple illustre combien l'offense est grave car elle inflige une blessure qui déstabilise. Il montre aussi le courage de cette femme qui a su s'arracher à sa rancune pour aimer ses offenseurs. Mais peut-on dire que l'événement du pardon a eu lieu ? Non ! Car pardonner, ce n'est pas une thérapeutique qu'on s'applique à soi-même pour se guérir de sa colère. C'est une démarche que l'on entreprend à l'égard de l'offenseur. Le pardon ne vise pas à guérir la blessure de l'offensé, mais à remettre les torts de l'offenseur. Il s'agit de le libérer du mal dont il s'est rendu coupable. Lorsque Dieu pardonne, il ne traite pas sa colère, mais il remet les offenses de ceux qui l'ont offensé. Et c'est là qu'il faut réintroduire ce mot qui avait été presque oublié avant que le Pape et les média ne lui redonnent vie : la repentance. Pour qu'il puisse y avoir pardon, il faut que les torts soient reconnus. Jésus disait : " Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le seul à seul ; s'il t'écoute, tu as gagné ton frère. " Non ! La démarche du pardon ne consiste pas à attendre que l'offenseur vienne chez l'offensé pour se rouler dans la poussière à ses pieds en le suppliant de lui pardonner. Il arrive toujours un moment où celui qui renonce vraiment à sa rancune est prêt à se rendre auprès de son offensé, non pour l'écraser, mais pour le gagner. Mais le pardon n'est possible que si l'on reconnaît les torts dont on s'est rendu coupable et cela, pour au moins trois raisons. Premièrement, pour le bien de l'offensé, car pardonner sans exiger de repentance, c'est donner raison à l'offenseur et tort à l'offensé, de manière implicite en tout cas. Deuxièmement, à cause de l'offense, car pardonner sans exiger de repentance, c'est cautionner le mal, involontairement en tout cas. Troisièmement, pour le bien de l'offenseur, car pardonner sans exiger de repentance peut paraître très généreux, mais c'est en réalité un manque d'amour : l'offenseur a besoin d'être libéré de sa culpabilité ! Voyez la femme dont je parlais et qui est tombée dans l'alcoolisme suite à la médisance de son entourage. Ne pensez-vous pas que le pardon exige que son droit soit rétabli, que la médisance soit dénoncée comme étant un mal et que son entourage reconnaisse que ses offenseurs ont eu tort d'agir comme ils l'ont fait. Dieu, de même, ne pardonne au pécheur qu'à condition qu'il reconnaisse son péché. Eva Thomas, qui a eu à souffrir d'un inceste à 15 ans, écrit : " Les victimes ont surtout besoin que les pères criminels reconnaissent les faits. Aucune parole vraie ne pourra être échangée entre eux sans ce préalable. " La démarche du pardon passe par la repentance. Sans elle, l'événement du pardon ne peut avoir lieu. Il faudra en rester au désir de pardonner et à l'abandon de la rancune.

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