Les jardins de Torcello de Claudie Gallay

Jess, insouciante jeune femme d’une vingtaine d’années a quitté la France et sa famille pour s’installer à Venise. La maison qui l’abrite doit être vendue. Elle trouve refuge chez un avocat à la retraite, Maxence, qui vit à Torcello, une petite île de la lagune. Commence une histoire d’amitié dans laquelle, en se découvrant mutuellement, chacun va réapprendre à vivre. Une écriture sensible, poétique, joliment mélancolique dans laquelle Venise tient le premier rôle. Claudie Gallay est une autrice d’ambiance. Dans tous ses romans, les lieux sont importants. Loin d’être de simples décors, il participe pleinement à l’intrigue et à la psychologie des personnages. On se souvient combien les paysages du Cotentin tenaient leur place dans « Les déferlantes » en 2008, énorme succès critique et public, adapté à la télévision avec Sylvie Testud dans le rôle principal. Tout a commencé en 2001 pour Claudie Gallay avec son premier roman « L’office des vivants » qui révèle déjà une plume sincère, sensible, fluide, souvent mélancolique. Pour la petite fille d’agriculteurs devenue institutrice, c’était la concrétisation d’un rêve et aussi l’opportunité d’un nouvel horizon. « Les années cerise », « La beauté des jours » ou « L’amour est une île » ont confirmé le talent de Claudie Gallay qui publie ici son 13ème roman, « Les jardins de Torcello » aux éditions Actes Sud. Torcello, c’est cette petite île au nord de la lagune de Venise, qui fut la première habitée et dont les jardins entretenus par les moines étaient restés célèbres avant que ce lieu, envasé, ne périclite au profit de la Sérénissime. Venise, Claudie Gallay, nous y avait déjà emmenés dans un précédent titre, « Seule Venise » en 2004. Ici, c’est Jess, qui sera le personnage central. Elle aussi, on la connait déjà, elle était l’une des ados d’ »Avant l’été » paru en 2021. Mais on ne peut pas vraiment considérer ce nouveau livre comme une suite, c’est bien un nouveau roman que nous propose l’autrice. Jess a aujourd’hui une vingtaine d’années. Elle a quitté la France, sa province, et le petit hôtel tenu par sa mère. Elle étouffait et sans drame, sans heurts, elle a fait son sac, est partie nez au vent pour découvrir l’Italie et a fini à Venise. Elle ne devait qu’y passer, elle s’y est installée. Elle est guide pour les touristes français. Mais la belle maison où elle était hébergée en contrepartie de quelques menus services doit être vendue. Et Jess de se retrouver sur l’île de Torcello ou un avocat, Maxence, l’accueille contre quelques services : un peu de secrétariat, un peu de cuisine, nourrir le chat et éventuellement un peu de ménage… même si c’est plus compliqué pour Jess qui ne voulait justement pas faire l’entretien des chambres de l’hôtel familial.