Le potentiel INSOUPÇONNÉ d’une zone du cerveau #shorts
par Numerama
Des scientifiques de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) ont découvert un traitement novateur permettant aux patients atteints d’une lésion partielle de la moelle épinière de marcher à nouveau. « À ce moment-là, j’ai su que nous étions témoins d’une découverte majeure ». Voilà comment la professeure Jocelyne Bloch, neurochirurgienne, a fait état de ses plus récentes trouvailles, présentées dans une étude publiée dans Nature Medicine, le 2 décembre 2024 avec son collège Grégoire Courtine, spécialiste des neurosciences. Ce dont il s’agit ici, développe un communiqué de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) diffusé le même jour, est le potentiel d’un nouveau traitement pour les patients touchés par une lésion médullaire partielle, c’est-à-dire une lésion de la moelle épinière incomplète. En somme, une lésion qui peut entraîner une perte de mobilité. Cette situation, Wolfgang Jäger l’a connue : il est en fauteuil roulant depuis 2006 suite à un accident de ski. Mais depuis, il a retrouvé une partie de sa mobilité : « L’année dernière, en vacances, j’étais capable de descendre quelques marches et retourner à la mer en utilisant la stimulation. Je peux aussi atteindre des objets dans les placards de la cuisine. » Wolfgang Jäger est l’un des deux patients de cette étude. Le traitement miracle des chercheurs ? Stimuler électriquement une zone spécifique du cerveau : l’hypothalamus latéral, une zone située au centre du cerveau. D’habitude plutôt connu pour jouer un rôle dans l’alimentation et l’éveil, l’influence de l’hypothalamus latéral sur la marche était jusqu’alors inconnue. La question est alors de savoir : comment ont-ils réussi à identifier le rôle de cette structure ? Pour la mettre en évidence, les chercheurs ont établi une carte spatio-temporelle du cerveau lors de la récupération d’une lésion de la moelle épinière (LME). Et c’est en l’étudiant qu’ils se sont rendus compte du rôle de l’hypothalamus latéral. Ils ont ensuite « traduit » cette découverte en un traitement chirurgical chez l’humain. Une belle démonstration de l’association entre l’étude neuro-scientifique fondamentale du cerveau et ses applications en neurochirurgie. La stimulation cérébrale profonde (SCP) est un traitement qui consiste à implanter des électrodes dans une zone spécifique du cerveau, ici l’hypothalamus latéral, pour y stimuler les neurones. Jusqu’à présent, elle était utilisée dans la maladie de Parkinson ou les tremblements essentiels. Cette étude a démontré que, dans le cas des LME incomplètes, la SCP permet des améliorations immédiates de la marche. Comme une cerise sur le gâteau, l’étude montre aussi qu’avec de la rééducation les améliorations se maintiennent sur le long terme. Et ce, même quand l’appareil de stimulation est éteint. La théorie avancée pour expliquer le maintien de ces résultats dans le temps est que le traitement engendre une réorganisation des fibres nerveuses restantes. « Une fois l’électrode en place et la stimulation effectuée, la première patiente a immédiatement dit: ‘Je sens mes jambes’. Lorsque nous avons augmenté la stimulation, elle a déclaré: ‘J’ai envie de marcher’. », développe Jocelyne Bloch dans le communiqué. « Ce retour d’information en temps réel a confirmé que nous avions ciblé la bonne région, bien que celle-ci n’ait jamais été associée au contrôle des jambes chez l’humain. À ce moment-là, j’ai su que nous étions témoins d’une découverte majeure dans l’organisation anatomique des fonctions cérébrales. » Jusqu’à présent, le traitement n’a pas montré d’effets indésirables graves. Cependant, d’autres études seront nécessaires pour s’en assurer, réévaluer l’efficacité du traitement mais aussi pour surveiller les différents changements de poids et psychologiques ainsi que l’impact sur les profils hormonaux et les fonctions autonomes. Dans tous les cas, c’est une belle promesse qui est faite aux patients atteints de lésion de la moelle épinière et un réel espoir pour eux de remarcher un jour.
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