Jeudy Politique: Valls, le choc des mots
par Paris Match
Avec lui c'est le choc des mots. Formé par Michel Rocard, l'homme du parler vrai, Manuel Valls n'hésite pas à mettre des mots sur les maux de la France. Passés la sidération des attentats commis par des Djihadistes le Premier ministre nomme les choses comme le réclamaient la gauche et la droite. Le chef du gouvernement a ainsi été le premier à parler de guerre contre le terrorisme et l'islamisme radical quand certains à gauche comme Laurent Fabius tergiversait. Ses mots forts pour défendre les juifs de France ont dépassé les condamnations habituelles et convenues. Il a admis des « failles béantes » dans nos systèmes de surveillance des Djihadistes et des « dysfonctionnements » dans nos prisons. Il a, enfin, carrément mis les pieds dans le plat pour décrire la misère sociale dans les quartiers populaires. Parlant de « ghetto » et même « d'apartheid territorial, social et ethnique ». Des mots forts, peut être trop forts mais, à l'arrivée, une nouvelle rupture imposée à une partie de la gauche. La gauche rend les armes Les mots de Manuel Valls ne sont pourtant pas nouveaux. Cela fait même dix ans qu'il tient ce discours ferme sur les valeurs républicaines, intransigeant sur l'autorité et la laïcité. L'homme de Matignon n'a donc pas eu à se forcer pour parler cash. Fut-ce avec des mots qui fâchent, des arguments qui obligent les socialistes à de douloureuses révisions idéologiques. Quand il choquait il y a dix ans, aujourd'hui ses camarades du PS lui donnent raison. Les mots ne font plus peur. Minoritaire voire isolée dans sa famille politique hier, Manuel Valls est en train de déplacer le curseur sur ses positions à vitesse grand V. Il lui restera à gagner la même bataille sur le terrain économique et social. Ce qui est loin d'être le cas. Il obtient 61% de satisfaction dans le baromètre Ifop-Paris Match Les députés UMP qui applaudissent à quatre reprises Manuel Valls. La séance à l'Assemblée restera dans les annales. La droite est désemparée face à ce Premier ministre. L'UMP est comme asphyxiée par l'ancien maire d'Evry qui vampirise ses thèmes préférés : la sécurité, l'échec de l'intégration ou la compétitivité. Nicolas Sarkozy est sans voix. Alain Juppé se dit choqué par l'expression « d'apartheid ». Si le chef de l'Etat a réalisé un sans faute pendant la crise en occupant avec succès le terrain de la compassion, c'est Manuel Valls qui a frappé les esprits et marqué de précieux points avec ses discours et ses prises de risques politiques. Il en tire bénéfice dans les premiers sondages.
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