Jeudy Politique : Loi Macron, c'est toujours ça de pris !
par Paris Match
De l'art de s'opposer à la loi Macron. Ce devait être le grand moment politique de ce début d'année. A l'Assemblée, tout était en place pour créer le genre de psychodrame qu'adore le petit théâtre de la politique. Avec son lot de vrais faux débats comme l'extension du nombre de dimanches travaillés - de 5 à 12 la belle affaire ! - ou encore la réforme des professions réglementées pour ne citer que deux des sujets que comptent cette loi. A gauche comme à droite, beaucoup se préparaient à bizuter Emmanuel Macron, jeune ministre de l'Economie, débutant dans la joute parlementaire et protégé de François Hollande, donc cible politique symbolique surtout pour les frondeurs socialistes et les gauchistes de tout crin et tout poil. C'est faire bien trop d'honneur, sans doute, à un texte qui n'en mérite pas tant. Mais voilà les attentats du début du mois ont éclipsé la préparation de l'examen de ce projet de loi. La discorde n'a pas pour autant disparu. Et c'est bien dommage. "La droite a la mémoire courte" L'UMP par les voix respectives de Nicolas Sarkozy président du parti et Christian Jacob, président du groupe, ont fixé la ligne : il faut voter contre ! S'opposer pour s'opposer donc. Un peu court comme argument. C'est oublier que l'essentiel de la centaine d'articles contenue dans ce projet est issu du rapport rédigé en 2008 par Jacques Attali à la demande de Nicolas Sarkozy ! A l'époque, la commission Attali comptait dans ses rangs un certain Emmanuel Macron. Six ans plus tard, on voit mal ce qui motiverait un vote contre. Sans doute, le texte Macron ne lève pas, loin de là, tous les verrous qui pèsent sur l'économie française. François Fillon en a pointé un bon nombre en ouverture de l'examen à l'Assemblée. Mais les arguments des quelques députés UMP qui voteront pour sont frappés au coin du bon sens : en claire c'est toujours ça de pris. Quelques dimanches de plus ici, des assouplissements dans le droit de l'urbanisme là ou la justice prudhommale encore... "Le gouvernement ne peut pas rester au milieu du gué" Présenté comme un texte « majeur » par l'exécutif, le texte Macron devrait passer l'obstacle parlementaire d'ici à deux semaines. Il faudra toutefois compter et recompter les voix à gauche et surtout au PS où des votes contre pourraient apparaitre pour la première fois. Pour le gouvernement, il serait dangereux de se contenter de cette loi fut-elle baptisée loi sur « la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques » pour imaginer que tout ira mieux en 2016. Ce texte ne va sûrement pas créer beaucoup d'emplois dans l'immédiat. On attend la suite : quid de l'abaissement des seuils sociaux dans les entreprises ? Quid d'un assouplissement des 35 heures comme l'avait souhaité Macron ? Quid d'une baisse de la fiscalité sur les entreprises ? Quid de la remise en cause du système d'indemnisation du chômage trop généreux ? Avec 3,5 millions de chômeurs dont 500 000 de plus depuis mai 2012, le gouvernement n'a plus les moyens de tergiverser. Sous peine d'échouer sur l'emploi. Critère de choix essentiel pour les Français qui livreront leur verdict sur ce quinquennat en 2017.
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