Hollande-Duflot : s'unir ou périr
par Paris Match
Hollande-Duflot : s'unir ou périr Dans sa chronique vidéo Jeudy politique, le rédacteur en chef politique de Paris Match, Bruno Jeudy, analyse l'étrange relation entre François Hollande et Cécile Duflot, son ancienne ministre du Logement, avec qui il ne veut pas rompre malgré les critiques acerbes de son alliée écolo. Bruno Jeudy explique pourquoi le chef de l'Etat met tout en œuvre pour la convaincre de renoncer à une candidature présidentielle en 2017. Par Bruno Jeudy Leur destin est lié. L'un et l'autre visent 2017. Mais pour l'instant c'est chacun dans son couloir. Cécile Duflot a profité de la nomination de Manuel Valls à Matignon il y a un an pour mettre en scène sa rupture avec François Hollande et tracer sa route jusqu'à la prochaine élection présidentielle. Une route bien à gauche pour l'écologiste. François Hollande lui s'active depuis des semaines mois pour recoller les morceaux. Son objectif principal est de convaincre son ancienne ministre du Logement de renoncer à 2017. De choisir la raison c'est-à-dire soutenir la candidature du président sortant pour éviter un nouveau 21 avril. C'est-à-dire une élimination du candidat de socialiste dès le 1er tour. Confrontée à la déception du peuple de gauche et surtout la menace du FN, le président sait que la gauche doit s'unir ou périr. Ecologie de gouvernement contre Ecologie de protestation Chez les écologistes, c'est la même histoire depuis trente ans et la création des Verts, ce mouvement d'écologie politique. De crise en convulsions diverses et variées, le parti vit au rythme de débats internes très vifs. Souvent portés par la minorité gauchiste. A chaque étape politique, le mouvement s'interroge : faut-il gouverner et accepter des compromis ? Ou bien faut-il protester et ne pas négocier l'utopie écolo ? En 2010, avec l'élargissement des Verts aux amis de Daniel Cohn-Bendit d'Europe-Ecologie, on pensait que le parti avait définitivement opté pour cette écologie de gouvernement. Grâce à une habile négociation avec Martine Aubry les écologistes obtiennent des sièges au Sénat et à l'Assemblée nationale où ils se constituent en groupes parlementaires. En 2012, malgré un nouveau score calamiteux à la présidentielle, deux écologistes entrent dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Mais très vite, Cécile Duflot ronge son frein, fulmine contre la politique gouvernementale et préfère s'en aller plutôt que de passer sous les fourches caudines de Manuel Valls qu'elle déteste. Retour donc à la case protestation. Sauf que cette fois, une partie des élus disent non. Jamais la scission n'a paru aussi proche entre cette écologie de gouvernement et les partisans d'un rapprochement avec les amis de Jean-Luc Mélenchon qui rêvent d'une gauche Syriza. Le logiciel périmé de Valls, le disque rayé de Duflot Après avoir traité François Hollande de « président de personne » dans un livre-brulot, Cécile Duflot multiplie les formules assassines contre le Premier ministre. A ses yeux il était déjà sorti du champ républicain avec ses positions sur les Roms. Désormais c'est son logiciel qui est périmé. La musique n'est pas nouvelle. Le disque commence même à être rayé. La posture de Cécile Duflot qui a entrainé son parti dans des alliances avec le Front de gauche ne paie pas sur le plan électoral. En cartonnant la politique du chef du gouvernement, la leader écolo veut creuser son sillon à gauche. Structurer à la gauche du PS une force alternative qui absorberait socialistes frondeurs et amis de Mélenchon. Bref, Le cauchemar de François Hollande. Pour l'éviter, le président sait qu'à un moment il devra procéder à un remaniement d'élargissement dans la perspective de 2017. Reste à savoir si Manuel Valls acceptera cette inflexion à gauche. Les écolos ont beau peser 2%, François Hollande ne peut pas s'en passer.
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