Entrer en maison de retraite m'angoisse

Anne-Claire Chapuis - Je suis âgé et je dois entrer en institution mais ça m'angoisse. Comment m'y habituer ? L'étape la plus difficile quand on devient vieux est bien celle-ci : entrer en maison de retraite ! Cela suppose de devoir quitter sa maison, ses souvenirs, ses repères. Pour quelqu'un qui a vécu 30 ou 40 ans dans ce lieu, c'est très dur de devoir le quitter de façon définitive. Si ça vous arrive, comment vivre le mieux possible ce changement brutal ? Entrer en institution signifie beaucoup de choses négatives comme la dépendance, un rythme de vie qui n'est pas forcément le vôtre puisqu'il y a des horaires à respecter, les repas ne sont pas forcément à votre goût, vous n'avez pas choisi votre voisin de chambre et puis, il y a le sentiment d'abandon : votre famille se débarrasse de vous, c'est du moins ce que vous pensez, même si dans le fond, vous savez qu'ils n'ont pas le choix. Mais heureusement, la vie en maison de retraite n'est pas synonyme que de choses négatives. Elle pourrait même être plus belle que vous ne le pensez. En effet, quelle que soit la maison de retraite où vous irez, un projet de vie est élaboré spécialement pour vous ! Ce projet tient compte de vos habitudes de vie. Par exemple, si vous avez l'habitude de vous lever à 10 heures, les soignants tâcheront de ne pas vous réveiller avant. Si vous êtes allergique au poisson, le cuisinier vous fera autre chose dès qu'il y en aura au menu. Si vous avez besoin d'aller aux toilettes la nuit mais que vous n'êtes plus en mesure de vous lever, des veilleurs de nuit viendront vous aider ou vous changer. De même, les activités qui vous plaisaient autrefois pourront être prises en considération par les animateurs de l'établissement. Ils vous inscriront à des ateliers susceptibles de vous intéresser. Vous pourrez ainsi rencontrer d'autres personnes et lier des amitiés. Et quand bien même plus aucune activité ne vous intéresserait, le psychologue ou un animateur viendrait spécialement passer un petit moment avec vous. Votre famille, vos amis, peuvent venir vous voir et même vous emmener chez eux à n'importe quel moment de la journée. Il suffit de prévenir le personnel de l'heure à laquelle vous rentrerez. Quand bien même vous seriez en fauteuil roulant, cela n'est pas rédhibitoire pour aller à l'extérieur. Dans certaines maisons de retraite, les animateurs ont un véhicule spécialement adapté pour transporter des personnes en fauteuil roulant. Non, une maison de retraite n'est pas une prison. On parle même de lieu de vie, y aurait-il des raisons ? De plus en plus, le psychologue et un responsable de l'établissement viennent vous voir avant votre entrée. Ils vous expliquent le fonctionnement de l'établissement et répondent aux questions que vous vous posez. Dans la mesure du possible, une visite de l'établissement est programmée afin de vous faire découvrir les lieux et vous donner des repères. Même si la cohabitation avec les autres résidents n'est pas toujours facile car il vous faut vous accommoder des pathologies et du caractère de chacun, trois recours vous sont possibles : 1. Vous pouvez demander un accompagnement psychologique et dire au psychologue tous les soucis personnels et institutionnels qui vous pèsent. Celui-ci en parlera aux équipes soignantes et tentera de répondre au mieux à vos attentes. 2. Dans tout établissement, il existe un conseil de la vie sociale où les délégués des résidents sont élus, ainsi que les délégués des familles. Allez voir vos représentants et faites-leur part de ce qui vous pose problème. Ils auront pour devoir d'en parler au conseil de la vie sociale. 3. Parler avec d'autres résidents dans l'établissement de ce qui ne va pas. Cela vous donnera peut-être le sentiment de n'être pas seul à supporter des choses difficiles. Et il est toujours agréable de se sentir soutenu et compris. En guise de conclusion, je dirai que les mouroirs, s'ils existent, sont voués à disparaître. De plus en plus de moyens sont mis en oeuvre pour que vous vous sentiez en institution comme chez vous. Une grande liberté vous est donnée pour sortir et respecter vos habitudes de vie. Qui sait ? Un jour peut-être ce sont les personnes âgées qui demanderont à aller en maison de retraite.