Enfant malade, plus de temps pour frères et soeurs

par CmavieTV

Agnès Sanders - Notre enfant est malade et je n'ai plus assez de temps pour bien m'occuper de ses frères et soeurs, que faire ? L'enfant malade devient soudainement, ou parfois progressivement, le centre d'attention de la famille. Il ne l'a pas voulu, personne ne l'a voulu ainsi, mais c'est naturellement ce qui se passe. La maman, en particulier, est très préoccupée par son enfant malade. S'il est hospitalisé, elle passe beaucoup de temps loin de la maison pour être à son chevet. Si elle a un ou plusieurs autres enfants, ceux-ci ressentent inévitablement son manque de disponibilité. Vous savez, les enfants prennent pour acquis la disponibilité physique, et encore plus affective, de leur maman et souffrent dès lors que ce n'est plus comme avant. Même lorsque la maman est à la maison, son esprit reste souvent préoccupé par l'enfant malade, et elle n'est plus vraiment attentive à tous les petits soucis quotidiens des autres frères et soeurs. Leurs besoins peuvent même lui sembler futiles, et la rendre irritable. Elle va s'énerver des pleurs et cris de Matthias qui vient de s'écorcher le genou, alors que sa petite soeur Léa souffre au quotidien des effets secondaires de sa chimiothérapie. Matthias pleure d'autant plus fort qu'il se sent incompris. Il va jalouser sa petite soeur qui a su, elle, attirer toute l'attention de Maman par ses souffrances. Matthias n'est bien sûr pas conscient de son stratagème, et sa maman, elle, s'énerve au lieu de s'apitoyer. Bref, dans ce tableau, tout le monde est frustré. Je raconte dans mon livre  La vie est un souffle , l'histoire de notre fils Matthieu, qui pendant plusieurs semaines a perdu l'usage de ses deux jambes. Il a du être hospitalisé, mis en traction, puis traité par des anxiolytiques, et enfin de la rééducation par un kinésithérapeute. Le diagnostic ? D'après le chirurgien qui l'a suivi, une pathomimie : La somatisation aiguë d'une angoisse, s'objectivant par des symptômes sans cause organique. Lorsque je mis le chirurgien au courant de la maladie de sa petite soeur Anne, il fit immédiatement le rapport : Matthieu mimait l'état pathologique qu'il reprochait inconsciemment à sa soeur. Que faire dans un tel cas ? Surtout ne pas minimiser la souffrance du frère ou de la soeur de l'enfant malade. Ne pas lui dire que ses bobos ne sont rien à coté des souffrances de son frère ou de sa soeur. Ne pas lui dire qu'il n'a rien, car il n'a pas rien : Il ressent une grande souffrance psychique, qu'il ne peut exprimer que par des symptômes physiques. Il faut donc traiter les symptômes physiques, même si leur cause est psychologique. L'enfant sera ainsi rassuré sur le fait qu'on le prend en charge, qu'il est aussi important que son frère ou sa soeur malade. On devra probablement aussi prendre en charge sa souffrance psychologique par une attention soutenue à ses besoins affectifs, et peut-être faire appel à un psychologue thérapeute. C'est souvent bien difficile pour le parent, qui doit maintenant faire face à deux enfants malades. La tentation est bien sûr dans ce cas de s'occuper surtout de celui qui a la vraie maladie . Avec le recul, on s'aperçoit à quel point les souffrances psychiques peuvent avoir des conséquences graves dans la vie adulte. Alors comment faire ? Eh bien, c'est à la famille entière d'apprendre une nouvelle organisation de vie. Le père, s'il est présent, est bien sûr la personne la plus appropriée pour compenser une part de présence physique et affective. Lors de la longue hospitalisation de notre fille, mon mari a du changer ses orientations professionnelles, et adapter ses horaires de travail. Commençant très tôt le matin, il était disponible pour garder Matthieu l'après midi alors que je me rendais à l'hôpital auprès d'Anne. En fin d'après midi, il amenaît chaque jour notre fils de trois ans en RER et métro de Marne La Vallée jusqu'à la tour Eiffel, où ils se promenaient avant de me rejoindre à l'hôpital, ou nous nous relayions, lui prenant sa place au chevet d'Anne pendant que je ramenais Matthieu à la maison. Nous avons fait cela pendant neuf mois. Vous savez, quoi ? il n'a jamais regretté d'avoir mis son avancement professionnel entre parenthèses et de lui préférer pour un temps les spectacles de Guignol au Champ de Mars. Mais si le papa n'est pas là ou ne prend pas sa part ? Eh bien, d'autres proches, comme les grands-parents, peuvent jouer ce rôle auprès des autres enfants. Attention toutefois, il est important qu'ils sachent que leur maman les aime toujours autant. Ainsi, parfois le papa ou la grand-mère ira au chevet de l'enfant malade plus longtemps, afin que la mère puisse avoir un temps plus conséquent et privilégié avec les autres. Je reconnais que ça demandera un effort de la part de chacun. La maman aura peut-être l'impression de trahir l'enfant malade en le laissant pour pouvoir s'occuper des autres. Même si c'est difficile, faites-le. Si la situation se prolonge, par exemple dans le cas d'un lourd handicap, toute l'organisation de la famille devra être revue à long terme. Et puis, n'oubliez pas qu'un soutien psychologique par un professionnel sera sans doute bénéfique pour toute la famille.

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