Elle m'a fait du mal. J'ai de la haine

par CmavieTV

Jacques Buchhold - Je me culpabilise de haïr une personne qui pourtant m'a fait du mal. Comment puis-je me débarrasser de cette haine ? On n'est jamais insensible au mal qu'on nous fait. Toute offense engendre une blessure. Lors d'un accident dû à un chauffard ivre, Catherine a perdu son compagnon. Dans une lettre, elle fait part de ses sentiments : " Le bonheur a laissé place à la tristesse, au vide, à la colère. C'est terrible de dire ça, mais si le chauffard n'était pas mort, je crois que je l'aurais tué moi-même. " Ces paroles sont dures, mais ne sont-elles pas normales ? Pas seulement parce que c'est ainsi que les humains réagissent normalement, mais aussi parce que cette réaction est conforme à la norme. Car la colère, suite à l'offense, est différente des autres formes de colère. Cette colère-là n'est pas le fruit de l'énervement, de l'envie ou du rejet de l'autre : c'est une réaction face au mal ! Selon les évangiles, Jésus lui-même s'est mis en colère à plusieurs reprises. Au Temple de Jérusalem, il a chassé les changeurs d'argent qui étaient installés à leurs comptoirs et qui profitaient de la vente des animaux destinés aux sacrifices pour se faire de belles plus-values ; ils faisaient de cette maison de prière une sorte de supermarché ! Mais Jésus s'est aussi mis en colère lorsque, dans la synagogue de Capernaüm, on a voulu lui interdire de guérir un homme à la main paralysée sous prétexte que c'était un jour de sabbat. Il est normal d'être en colère contre le mal qu'on nous fait : c'est un signe de bonne santé morale face au mal. Ne pas se mettre en colère, voilà ce qui serait anormal ! Mais la colère est non seulement normale : elle est nécessaire ! Voici ce qu'écrivait en 1992 Éva Thomas, qui avait publié un livre, Le viol du silence, dans lequel elle parlait de son parcours de vie suite à l'inceste dont elle avait été la victime : Je cite : "J'ai été violée à 15 ans par mon père. Il m'a fallu trente années pour accéder à la colère et échapper à la culpabilité que je portais à la place du vrai coupable. Tout ce temps, j'ai été une bombe vivante. Mais la violence se retournait contre moi, pour me détruire. Jusqu'au moment où j'ai pu trouver les mots justes et prononcer : " Il n'avait pas le droit ! " Quand j'ai pu penser et crier : " Mon père est un criminel ", une certaine paix s'est installée en moi." L'expérience le confirme toujours et encore : l'offense exige une réaction de colère. La blessure de l'offense entraîne parfois de profonds temps de dépression. C'est par la colère qu'on en sort, par ce cri de l'offensé qui s'exclame : " Ce qu'il m'a fait, ce n'est pas juste ! " Et je pense à ce passage de la Bible qui dit : " Mettez-vous en colère, mais ne péchez pas. " Oui, face à l'offense, mettez-vous en colère. Mais le texte ajoute : " Ne péchez pas ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. " Toute la question est là : comment vais-je gérer cette colère légitime ? Si je me laisse envahir par elle, cette colère contre le mal va se muer en une haine destructrice, et je vais répondre au mal par le mal, et m'enfoncer toujours plus dans la rancune. Et j'aurais beau la refouler, elle gardera toute sa vigueur dans la vie inconsciente. Comme un démon tapi au tréfonds de l'âme, cet excès de colère va miner et appauvrir ma personnalité en monopolisant toute son énergie. La solution est de s'arracher à soi-même et à ses griefs contre son offenseur. " Mes amis, ne vous vengez pas vous-mêmes, dit l'apôtre Paul dans l'une de ses lettres, mais laissez agir la colère de Dieu. " Ce n'est pas à nous de condamner, il nous faut apprendre à aimer. Et aimer, c'est comprendre que c'est notre offenseur qui a le plus perdu dans l'offense. C'est lui qui s'est rendu coupable ; c'est lui qui a besoin d'être libéré et d'être gagné à la vérité. Suis-je prêt à aller vers lui, d'une manière ou d'une autre, pour lui parler de ce qu'il a fait et de mon désir de lui pardonner ? C'est dans cette attitude d'amour que se trouve la clé de l'apaisement de la rancune. Dieu, qui aime pardonner, n'a-t-il pas agi ainsi ? Il ne s'est pas enfermé dans sa colère contre le mal que commettent les hommes, mais par amour pour nous, il a décidé de venir nous parler de nos offenses par Jésus-Christ et de rendre le pardon possible.

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