Croyante mais anxieuse pour mon enfant

par CmavieTV

Agnès Sanders - Je suis croyante, mais je suis très anxieuse par rapport à la maladie de mon enfant. Est-ce un manque de foi ? Votre question peut se résumer ainsi : l'anxiété est-elle incompatible avec la foi ? Tout d'abord, définissons l'anxiété. Elle est comme une grande inquiétude, ou, plus précisément, comme  un état de désarroi psychique ressenti en face d'un danger indéterminé et imminent, s'accompagnant d'un sentiment d'insécurité . Un croyant est celui qui croit en la vérité ou la possibilité d'une chose. On ne naît pas croyant, mais je pense qu'on peut naître anxieux. Je m'explique : La Bible dit qu'on devient croyant par décision personnelle réfléchie. Certes, on peut avoir été influencé par le contexte de notre enfance, mais arrive un moment, tôt ou tard, où l'on prend position par rapport à l'existence de Dieu et au changement que cela implique dans notre façon de vivre notre vie. Une des conséquences essentielles de ce choix est le rapport de confiance qui s'établit entre la personne qui croit et son créateur. L'idée qu'un être tout puissant et bon puisse s'occuper personnellement de notre avenir devrait pleinement nous rassurer. Pourtant, nous sommes dans un monde en souffrance, où le mal est présent et semble souvent dominer, ce qui engendre notre anxiété. Cette question de manque de confiance de l'être humain en son créateur est décrit pour la première fois dans le récit de la Genèse au chapitre 3 Est-ce que Dieu a vraiment dit, vous ne ferez pas ci ou ça ? . Ce passage marque l'apparition de la souffrance et de la mort, et donc de la peur de l'avenir. Ok, on devient chrétien, on fait un choix personnel. Par contre, je pense que l'on peut naître anxieux. L'anxiété est un trait psychologique complexe. Les causes en sont multiples et les mécanismes qui sous-tendent ce caractère sont encore loin d'être compris. L'une des voies actuelles de recherche vise à savoir si l'anxiété pourrait être prédéterminée dans les gènes. L'existence de familles plus anxieuses que d'autres est connue depuis longtemps, mais il est difficile de déterminer la part de l'inné et de l'acquis dans la transmission de ce caractère. Notre anxiété peut aussi être générée, ou en tous les cas aggravée, par le conditionnement involontaire reçu de notre entourage. Des parents anxieux nous communiquent leur peur à leur insu. Ce qui est clair, quel que soit le rôle de notre environnement par rapport à celui de notre capital génétique, c'est que personne ne choisit d'être anxieux, alors que l'on choisit d'être croyant. Je reviens donc à vous : Avoir un enfant très malade est une source normale d'anxiété. Notons bien que le dictionnaire Larousse décrit l'anxiété comme un état de désarroi ressenti en face d'un danger indéterminé et imminent. C'est exactement la situation lorsqu'un enfant est soudainement hospitalisé. Il y a une notion d'incertitude, d'incompréhension, et une notion d'urgence et de durée inconnue dans le temps, autant de facteurs très anxiogènes. Nous ne pouvons pas supprimer ce sentiment d'anxiété, qui, comme tout sentiment lié à la peur, apparaît de façon incontrôlable et est nécessaire à une action appropriée, en l'occurrence appeler les secours. Au cours de la longue épreuve de la maladie grave de ma fille, j'ai appris à vivre mon anxiété le mieux possible, sans culpabilité, à l'apprivoiser en quelque sorte. Je l'explique dans le dernier chapitre de mon livre  La vie est un souffle : Je me suis rendue compte que la peur est une réaction normale qui doit, comme la tristesse, s'exprimer librement et parfois physiquement : le noeud à l'estomac, le manque d'appétit, les pleurs, en sont des expressions normales, acceptables. Par contre, s'abandonner à un sentiment continu d'anxiété est une faiblesse qui, sans réaction de notre part, peut altérer gravement notre psychisme. Dans un sens, l'anxiété est à inclure dans les épreuves dont parle l'apôtre Paul quand il dit :'Les épreuves que vous avez connues ont toutes été de celles qui se présentent normalement aux hommes. Dieu est fidèle à ses promesses et il ne permettra pas que vous soyez tenté au-delà de vos forces ; mais au moment où surviendra l'épreuve, il vous donnera la force de la supporter et, ainsi, le moyen d'en sortir. Lorsque le croyant passe par le creuset de la souffrance, l'assurance que son système de croyances est cohérent ne suffit pas. L'émotionnel a tendance à prendre un rôle prédominant, avec la peur au premier plan, qui sera vécue différemment selon le caractère de chaque personne. Seule la présence du Seigneur lui-même à ses côtés, la grâce, c'est-à-dire l'aide personnalisée et juste à sa mesure qui lui est donnée par le Saint- Esprit pourra le soulager.   Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés , nous dit Jésus. Pleurer, crier à Dieu notre souffrance et notre peur, c'est nous en remettre à Lui, croire qu'il peut nous consoler, nous apaiser.

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