Bill Browder dénonce le système Poutine
par Paris Match
Ex «requin de la finance» à la pointe des privatisations en Russie, l'homme d'affaires anglo-américain Bill Browder a fini dépouillé par le clan de Vladimir Poutine. Il publie un brûlot contre le Kremlin pour honorer la mémoire de son avocat, Sergei Magnistky, tué dans les geôles russes. Paris Match: Votre livre raconte la chute brutale de votre fonds d'investissement -le plus gros de Moscou avec 4,5 milliards de dollars- et la mort en prison de votre avocat. Quel est l'objectif ? Bill Browder: J'ai voulu montrer au monde qui est vraiment Vladimir Poutine et quel est son système. Pas avec des généralités, mais par un cas très précis : le mien, détails et preuves à l'appui. Beaucoup de dirigeants considèrent qu'on peut transiger avec Poutine. Mais ce n'est pas un président normal. C'est purement et simplement un chef de gang, un criminel de droit commun qui dirige son clan et pille l'économie russe. Qu'est-ce qui motive Poutine, selon vous ? D'après mes calculs, Vladimir Poutine dispose aujourd'hui d'une fortune d'environ 200 milliards de dollars. Soit presque trois fois plus que Bill Gates, considéré comme l'homme le plus riche du monde ! En gros, les 100 plus gros oligarques du pays lui servent d'associés : s'ils veulent rester en vie, ils savent qu'ils doivent lui reverser la moitié de leur fortune. Or le chef du Kremlin est un véritable sociopathe. Il n'est pas irrationnel, mais il est capable de tout, absolument tout, pour se maintenir au pouvoir et pour préserver ses richesses. Si l'Occident le pousse à bout, il serait près à employer ses armes atomiques pour se défendre. Qu'espérez-vous obtenir avec votre livre et votre campagne de presse ? Tout d'abord, justice pour mon avocat, Sergueï Magnitsky, détenu et mort en prison sur ordre de Poutine. Les Etats-Unis ont passé le «Magnitsky Act» qui bloque les visas et les comptes bancaires des coupables dans l'entourage de Poutine, et le Parlement Européen a voté une mesure similaire. Mais l'Union européenne rechigne toujours à promulguer la mesure. En fait, beaucoup de personnes influentes en Europe sont perméables aux intérêts russes: soit corrompues, soit menacées ou manipulées.
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