Grolar, les ours du futur
par liberation
«Grolar» est un des mots-valises créés par les Anglo-Saxons pour qualifier ces ours d'un nouveau genre qu'on trouve de plus en plus en Alaska, issus des rencontres amoureuses entre ours blancs (polar bears en Anglais) et ours bruns (grizzly bears). La traduction française, s'il en fallait une, ressemblerait plus à «grolaire». Les autres options sont «pizzly» - père polaire, mère grizzli -, ou «nanulak», contraction des noms inuits des deux animaux. Au-delà de ces questions de linguistique, les enjeux autour de l'existence de cet animal sont multiples : tout d'abord, il est symptomatique du nombre croissant de rencontres dans la nature entre les grizzlis et les ours polaires. Ces animaux, dont les territoires sont d'habitude différents, les uns préférant la terre ferme tandis que les autres chassent sur la glace, sont poussés par le réchauffement climatique à se regrouper dans les mêmes régions. Ours polaires et grizzlis étant amenés à se côtoyer, il paraît logique que reproduction s'ensuive. Logique, vous dites ? Pas si sûr. En effet, il s'agit bien de deux espèces animales différentes, dont le dernier ancêtre commun, que les scientifiques peinent à identifier, remonterait à plusieurs centaines de milliers d'années au minimum. Au zoo d'Osnabrück, en Allemagne, une femelle grizzli et un mâle ours polaire ont vécu vingt-quatre ans dans le même enclos avant qu'il se passe quoi que ce soit entre eux, à la grande surprise de leurs gardiens, qui ont assisté en 2004 à la naissance de Tips et Taps, ours hybrides. Encore plus surprenant, on a retrouvé en 2012 en Amérique du Nord un ours dont l'analyse génétique a révélé qu'il était à 25% un ours polaire, et à 75% un grizzli - ce qui tendrait à démontrer que les produits de ces unions ne sont pas, comme on pourrait s'y attendre, stériles. Si on a longtemps cru que les «grolars» n'étaient susceptibles de naître que dans les conditions très contraignantes de la captivités, la découverte en 2006 du premier spécimen, tué par le chasseur américain Jim Martell au nord du Canada, a bouleversé les a priori. On suppose aujourd'hui qu'il existe d'autres spécimens en liberté, même s'ils sont sans doute peu nombreux. Alors, nouvelle espèce, ou simples hybrides ? Pour l'instant, on ne saurait trancher...
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