Yannick Noah : "Mon hobby, c'est les poses de vestiaires"

"Si... je ne serais pas là." Chaque semaine, Le Monde interviewe un personnage sur un moment marquant de sa vie. Le joueur de tennis devenu chanteur revient sur sa rencontre d'enfance avec le joueur Arthur Ashe et son récent retour dans le village où il a grandi au Cameroun.

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Interview "Je n'y serais pas arrivé si..." Chaque semaine, Le Monde interroge une personne sur un moment marquant de sa vie. Le joueur de tennis devenu chanteur revient sur sa rencontre d'enfance avec le joueur Arthur Ashe et son récent retour dans le village où il a grandi au Cameroun.

En 1983, Yannick Noah est l'inoubliable champion de Roland-Garros. Le tennisman est depuis devenu chanteur et sortira son douzième album en septembre. À l'âge de 61 ans, il entame une troisième vie, étant à la tête du village d'Etoudi au Cameroun pendant son enfance. Son incroyable parcours fait l'objet du documentaire Noah, le sens de lawinning, qui sera disponible sur Amazon Prime Video le 20 mai.

Si je ne venais pas ici...

...ce jour de 1972 si je n'avais pas rencontré Arthur Ashe. Au Cameroun, nous n'avons pas de télé, mais dans le magazine French Tennis, j'ai vu ce joueur américain auquel je ressemble un peu. À l'époque, les Noirs américains étaient des surhumains pour nous, Africains. C'était des records importés, du black power, des poings levés aux Jeux olympiques... Arthur avait de la classe, de la présence et de l'aura. Mon costume de tennis, peu importe comment nous l'avons lavé, a été immédiatement taché de rouge par la boue. Il est blanc. Pour mon enfant, c'était un symbole de pouvoir.

Alors ce jour-là, un groupe de joueurs de tennis américains s'est arrêté à Yaoundé. Ils ont fait le tour de l'Afrique de l'Ouest, jouant le soir et l'après-midi, échangeant des balles avec les enfants du coin. Je suis l'un d'eux. J'étais le seul enfant non blanc du club. Tous les collégiens étaient invités et j'étais le dernier à y aller, je n'ai pas encore touché une balle hurlante publique. Je n'ai que 10 ans et je représente le Cameroun ! Arthur Ashe a halluciné quand il m'a vu taper et moi jouer. Il parle anglais à ma famille. J'ai entendu maman dire à papa : "Ils veulent l'emmener !" Alors je suis un bon joueur ? Pour moi, Arthur est instantanément passé de héros à dieu. Il m'a donné sa raquette. Le lendemain, à l'aéroport où j'ai demandé à mon père de me conduire, il a écrit en anglais sur une affiche : « A Yannick. Rendez-vous à Wimbledon. Six ans plus tard, mon coach a reçu un télégramme : Se a fait une offre aux deux d'entre nous, c'est accepté, et je jouerai en double avec lui à Wimbledon.

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