Vladimir Poutine. Une présidentielle pour la forme en Russie.
par Ça Zap - Zapping TV
Vladimir Poutine. Une présidentielle pour la forme en Russie. Au pouvoir depuis 1999, Vladimir Poutine est quasi assuré d'être réélu dimanche. Les Russes le créditent d'avoir remis le pays sur les rails, quitte à fermer les yeux sur le reste. Micro en main, le libéral Grigori Iavlinski répond aux questions de la maigre assistance. « Les dépenses pour la police, l'armée et les services secrets représentent 30 % du budget. Ne vaudrait-il pas mieux s'intéresser davantage à la médecine ? » Le propos est étayé, les arguments exposés avec une claire pédagogie. Mais qui l'entendra à part la trentaine de fonctionnaires et de profs à la retraite qui peinent à garnir la petite salle de ce grand hôtel de la capitale ? Le stade de Loujniki à Moscou trois jours plus tard, le 3 mars. La plus grande enceinte sportive de Russie est pleine pour le premier raout électoral du candidat Poutine. Il n'en est pas l'organisateur, mais l'invité. Question de standing. « C'est un ours », s'extasie un jeune homme qui patiente à l'entrée. « Grâce à lui, notre pays va de mieux en mieux », assure Ielena, venue avec quatre collègues des services sociaux de la Ville. Le président restera dix minutes sur scène. Le temps de saluer les hockeyeurs médaillés en Corée, de chanter l'hymne national avec la foule et de serrer quelques mains. Pas un mot de programme, pas une parole politique. Ainsi va la campagne électorale en Russie. Poutine et les autres, ces candidats qu'on n'ose pas appeler des concurrents tant leurs chances de l'emporter sont faibles. Non-campagne Cela fait des semaines qu'il enchaîne les visites présidentielles dans les écoles, les usines. Idéal pour peaufiner son image d'homme proche du peuple. Cela ne lui coûte pas un kopeck et il reste dans la posture marmoréenne du chef de l'État à l'écoute de son pays. En tant que candidat, il n'a pas organisé un seul meeting. Il a refusé de participer aux débats télévisés. Ne s'est même pas prêté au tournage de clips pour la campagne officielle. Les télévisions ont dû bricoler des images d'archives. Il n'est pas présenté par son parti, Russie unie. Il candidate seul. Le Président. Avec un slogan qui fait mouche : « Homme fort, Russie forte. » Et ça marche. Le 18 mars, le représentant du Parti communiste devrait faire bonne figure, « avec 7 à 8 % des voix », pronostique Lev Gudkov, chercheur à l'institut indépendant Levada. L'ultranationaliste Jirinovski tirera aussi son épingle du jeu, avec un score du même ordre. Mais tous les autres, Iavlinski compris, sont promis à une Bérézina électorale, laissant Poutine se faire élire dès le premier tour avec entre 60 % et 70 % des voix. Le Russe, qui n'a jamais connu la démocratie, se méfie du journaliste et de ses questions. Mais quand on le branche sur Poutine, il ne se fait pas prier. Ludmilla, qui appartient au petit peuple des retraités faiblement pensionnés (200 € par mois) votera des deux mains pour le sortant : « Il a beaucoup d'autorité, les pays ont peur de lui, j'aime ça. » Valentina, ancienne ouvrière d'usine, lui est reconnaissante d'avoir stabilisé le pays. « Les retraites sont payées tous les mois et la Russie est de nouveau respectée dans le monde. » La Syrie ? « Il y a aussi les Américains, ils veulent être les leaders partout, on ne peut pas les laisser. Je sais que la guerre fait des victimes. Mais ces morts, on ne sait pas qui c'est. » Un œil sur l'abstention Même ceux qui ont prévu de s'abstenir refusent de le critiquer. Alena, 29 ans, esthéticienne dans un centre commercial, lui reproche de ne pas écouter les Russes. « Mais c'est un bon Président. Il a rendu le pays plus fort. » On porte à son crédit la prospérité des années 2000-2014, alors qu'elle venait essentiellement de la rente pétrolière. « L'économie est meilleure et il a ramené la sécurité. Maintenant, je peux me promener avec ma kippa sur la tête, sans problème », apprécie Otarik, un manager qui appartient à la communauté juive de Moscou. « On est 600 000, on va tous voter pour lui. » Vainqueur assuré de l'élection, le président sortant n'a qu'un ennemi : l'abstentionniste. Navalny, l'opposant interdit d'élection, a appelé au boycott. Plus ils seront nombreux, et plus il criera à la victoire. Du coup, ce n'est pas sur sa propre personne que Poutine met le paquet, mais sur la participation. Partout fleurissent les panneaux invitant au vote : « Votre pays, votre choix, votre président. » Inutile de préciser le nom.
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