Visite privée de l'ambassade de Grande-Bretagne
par lepointabonnes
Avec le Brexit, l’ambassadeur de Grande Bretagne est bien trop occupé pour nous faire visiter sa résidence officielle, à deux pas de l’Elysée. Aussi nous a t il délégué son majordome Ben Newick. Quelle merveilleuse idée ! Ce Britannique qui a déjà servi dix d’ambassadeurs connaît mieux que nul autre, les nombreux secrets de l’hôtel de Charost. Il a eu le temps de tomber amoureux –ne le dites pas à son épouse- de Pauline Borghèse, la sœur préférée de Napoléon. Durant une dizaine d’années, entre 1803 et 1814, elle reçut ses nombreux amants dans cet hôtel qu’elle fit entièrement aménager. Avec l’hôtel d’Evreux –aujourd’hui l’Elysée-, l’hôtel de Charost est le dernier des hôtels du début du XVIIIème siècles à encore se dresser rue du Faubourg Saint Honoré. Lors de sa construction, en 1722, point encore de boutiques de luxe et de mauvais goût, dans les alentours, mais des fourrées et une campagne miteuse. Un certain Armand de Béthune, duc de Charost, le commanda à Antoine Mazin. Même si celui-ci était ingénieur avant d’être architecte. Quelques mois plus tard, il devait également participer au chantier de l’hôtel Matignon. L’hôtel de Charost passa de main en main avant d’échoir entre celles, magnifiques, de Maria Paolina, la jeune sœur de Napoléon. Une beauté sublime qui durant ses deux mariages n’a jamais hésité à s’afficher avec une ribambelle d’amants. Son premier époux fut le Général Leclerc qui mourut de fièvres à Saint-Domingue, et le deuxième le Prince de Borghèse. Jeune veuve joyeuse de son premier époux, elle acquit en 1803 l’hôtel de Charost qu’elle s’empressa de rénover selon ses goût. Aujourd’hui, la plupart des meubles, des objets, des lustres, des pendules datent encore de son passage. En 1825, les deux ailes de l’hôtel construites à la demande de Pauline pour héberger une salle à manger et accueillir l’incomparable collection d’objets d’art de son nouvel époux, le Prince Borghèse, furent rebâties et bordées d’une galerie par le célèbre architecte Visconti. Très fière de sa beauté et impudique, elle n’hésitait pas, dit la rumeur, à s’exhiber nue devant ses visiteurs. Souvent ses amants, il faut le dire. Lorsqu’elle prenait un bain, elle demandait à Paul son domestique noir de remplir la baignoire de l’ait d’ânesse avant de l’y déposer, nue. Elle organisait bals et réceptions. Mais surtout, elle servait d’entremetteuse à son grand frère Napoléon. C’est ainsi que durant plusieurs mois, à l’époque de sa séparation d’avec Joséphine, l’empereur rejoignait ici sa maitresse, la comtesse de Mathis, dame de compagnie de Pauline. Celle-ci, petite blonde grasse, avait longtemps résisté à l’empereur jusqu’à ce que Pauline lui fasse la leçon. En 1814, Pauline fut la seule de la fratrie à accompagner l’empereur déchu, en exil sur l’iles d’Elbe. Il lui fallu alors vendre son hôtel particulier à la Grande-Bretagne qui en fit son ambassade pour y installer le duc de Wellington, futur vainqueur de Napoléon à Waterloo. Ce qui peut paraître amusant, c’est que les Louis d’or remis à Pauline pour l’achat de l’hôtel servirent finalement à Napoléon pour financer son retour. En 1833, le musicien Berlioz épousa à l’ambassade de Grande-Bretagne, l’actrice irlandaise Harriet Smithson. Le pianiste Liszt fut un des témoins. En avril 1874, les parents de Churchill se marièrent également à l’hôtel de Charost, et, dit-on, y conçurent leur valeureux fils la même nuit. Churchill est donc un tout petit peu français … Toujours en 1874, la mère de l’écrivain Somerset Maugham se fit transporter d’urgence à l’ambassade pour y accoucher en terre britannique afin que son fils ne fût pas français. Enfin, le 11 novembre 1944, après leur descente des Champs Elysées, le général de Gaulle et Winston Churchill auraient diner à l’hôtel de Chariost. La résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne ne sera ouverte que le samedi 16 juillet, de 10h à 17h. Visite libre. Adresse : 39 rue du Fg-Saint-Honoré. 75008 Les Journées du Patrimoine 2017 se dérouleront le Weekend prochain, 16 et 17 septembre, autours du thème Jeunesse et Patrimoine. Près de 17 000 monuments ouvriront leurs portes.
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