VIDEO. Une soirée avec Ousmane, livreur à vélo à Angers

par Le Courrier de l'Ouest

Il fait à peine 4°C ce mercredi soir à Angers lorsque Ousmane enfourche son vélo pour débuter sa soirée de travail. Sur son dos, le fameux sac carré des livreurs de repas. À 26 ans, cela fait deux ans qu'il arpente les rues de la Cité du Roi-René pour acheminer les déjeuners et dîners des habitants, qui commandent sur les plateformes Uber et Deliveroo. Dans la nuit noire de novembre faiblement éclairée par les lampadaires publics, seule la lumière de son téléphone éclaire son visage. Un téléphone qu'il ne lâchera pas de la soirée. Assis sur des marches, adossés au mur ou au rebord des restaurants, ses collègues et lui attendent, les yeux rivés sur leur écran, qu'une commande leur soit attribuée. « Je viens d'en accepter une, mais c'est un peu loin. Ça ira ? », s'inquiète-t-il, prévenant. C'est parti pour une soirée à pédaler. Mais déjà, premier arrêt. Son premier client l'appelle pour être livré plus tard. « Je suis désolé, ce n'est pas possible. C'est l'application qui gère l'ordre de livraison et j'ai quelqu'un après vous. Allô ? Allô ? » Le client en question a déjà raccroché.Les kilomètres défilent, plus doucement dans les montées, et on comprend vite pourquoi Ousmane a investi dans un vélo électrique. Première destination atteinte, un parking de commerce, personne sur place. L'application Uber oblige les livreurs à attendre huit minutes avant de pouvoir abandonner la course. Ce n'est que dans les dernières secondes que le client se stationne à côté du livreur. Hésitant à ouvrir la portière, il fait trop froid. « Il ne s'est même pas excusé, souffle Ousmane, dans un sourire blasé. C'est souvent ceux-là qui te mettent des mauvaises appréciations après... » Car ce genre de situations arrive plusieurs fois par jour.Pas le temps de discuter, une autre course doit être honorée. Là, le client descend rapidement de chez lui. « Merci. Bonne soirée », lui lance-t-il. Elle ne fait que commencer. Jusqu'à minuit, Ousmane va effectuer des allers-retours entre le domicile des particuliers et les restaurants. Grâce à ses heures de pédalage, il parvient à se dégager un salaire de 1400 - 1500 euros, pour faire vivre sa fille de 17 mois et son épouse, en congé maternité. « Avant, il y avait moins de livreurs, donc moins de concurrence. Aujourd'hui, c'est plus difficile. » Le collectif Uliv estime à près de 400 le nombre de livreurs à Angers.

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