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VIDÉO. Thomas B. Reverdy, écrivain et prof, avait senti venir les émeutes

par Ouest France

Dans son nouveau livre, « Le grand secours » (Seuil) sorti fin août 2023, mais écrit bien avant les émeutes de juillet, Thomas B. Reverdy se montre particulièrement clairvoyant. Il imagine des émeutes qui vont jusqu’à dévaster le lycée dans lequel Paul, écrivain un peu bobo, anime sa première journée d’atelier d’écriture… « Non, je n’ai pas de boule de cristal », sourit le quasi-quinquagénaire. Mais depuis vingt ans, il quitte à vélo le centre de Paris pour se rendre dans le lycée de Bondy où il enseigne. Un poste d’observation stratégique pour lui qui a vécu plusieurs épisodes de révoltes. « En 2015, mon lycée a même été été l’objet de l’intrusion extérieure que je décris dans le livre. » Il a senti l’urgence de témoigner, « fatigué de voir que les choses recommencent. La banlieue va mal, elle explose, on recrute des gens, on se retrousse les manches et ça se redégrade. » « On s'engage en se retroussant les manches »« Le grand secours » témoigne aussi du quotidien de profs « maltraités par l’État », passionnés ou résignés et d’élèves en pleine éclosion. Une matière en or qu’il n’utilise qu’à son dixième roman. « Il m’a fallu bien des détours pour réunir dans un livre mes activités de prof et d’écrivain. » S’il n’avait nullement envisagé d’être prof, ce Parisien, fils d’une enseignante en économie politique et d’un prof de golf, a toujours voulu être écrivain. Mais il lui a fallu dix ans après le choc de la mort de sa mère pour publier son premier livre. « Je voulais écrire sur le deuil, car tout le reste me paraissait anecdotique, mais je n’y arrivais pas. »Il y parvient dans « La montée des eaux », en 2003. Deux autres livres suivent, dans la veine autofictionnelle, puis petit à petit il s’éloigne de lui-même pour écrire des fictions en prise avec le réel. C’est ainsi que naissent « L’hiver du mécontentement » (prix Interallié 2018) qui s’intéresse au très dur climat social des années Thatcher à Londres, ou encore « Climax, » sur la fonte des glaces. Thomas B. Reverdy est souvent dépeint comme un écrivain engagé. « On s’engage en se retroussant les manches ! » réfute-t-il. C’est ce qui l’a poussé à écrire sur son quotidien d’agrégé resté en banlieue, qui nécessite d'être très impliqué dans son métier.