VIDÉO. Que risque Paul Pogba après son contrôle positif à la testostérone ?
par Ouest France
Les galères continuent pour Paul Pogba, testé positif à la testostérone et suspendu à titre conservatoire en attendant, peut-être, une sanction plus sévère. Notre journaliste Mathéo Girard a interrogé Tatiana Vassine, avocate spécialisée dans le droit du sport, pour savoir ce que risquait l'international tricolore. Que risque Paul Pogba de la part des instances du football italien ? On parle d’une suspension de quatre ans… La testostérone fait partie d’une catégorie de substances qui sont interdites par le réglementation antidopage, au titre de la catégorie S1 que sont les agents anabolisants et les stéroïdes anabolisants. Les sanctions sont lourdes. Elles peuvent effectivement être de quatre ans. Aujourd’hui, c’est la base qui est fixée par le code mondial antidopage. Ça peut être plus, ça peut être moins. Il peut y avoir des circonstances aggravantes ou atténuantes. Il faut voir dans le dossier quels éléments peuvent plaider en la faveur du sportif, ou au contraire dans sa défaveur. Les instances font une différence pour les substances pour lesquelles un seuil est autorisé, et celles qui sont totalement interdites comme la testostérone dans ce cas précis. Oui, il y a beaucoup de spécificités en matière de dopage. Il y a des substances qui sont dites spécifiées, d’autres qui ne sont pas spécifiées et pour lesquelles c’est plus grave. D’autres font l’objet d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. D'autres sont soumises à des seuils qui évoluent en fonction de la réglementation, comme le salbutamol. Les stéroïdes anabolisants sont interdits quel que soit le seuil, quelle que soit la prise. On se retrouve dans un cas extrêmement classique : échantillon A puis échantillon B. Dans la très grande majorité des cas, l’échantillon B suit l’échantillon A. C’est toujours mieux de le faire quand on a un doute sur la substance qu’on retrouve dans son organisme. Ensuite, c’est la procédure qui se met en place avec tout un tas d’étapes, dont la suspension à titre conservatoire. Elles aboutissent dans la majorité des cas à une sanction, dont la gravité est évaluée en fonction des éléments du dossier. Qui sera chargé de prononcer cette sanction ? C’est l’organisme antidopage italien, Nado, qui sera compétent sur ce dossier, et qui est saisi déjà. Il va procéder à un certain nombre d’examens. Il y a des spécificités qui sont propres à chaque pays. En Italie, le Nado, organisme national de lutte contre le dopage, se saisit du dossier en cas de contrôle positif, puis va sanctionner ou non. On est sur quelque-chose qui est intimement lié à la justice sportive et qui est indépendant des pouvoirs publics et des tribunaux de droit commun. LIRE AUSSI. Dopage. Qu’est-ce que la testostérone, produit auquel Paul Pogba a été contrôlé positif ?L’espoir, pour Paul Pogba, actuellement, c’est que l’échantillon B ne montre aucune trace de testostérone dans son organisme, contrairement à l’échantillon A. C’est une possibilité, effectivement, mais c’est assez rare. Théoriquement, c’est possible mais en pratique, je l’ai rencontré très peu de fois, pour ne pas dire zéro fois… Si ça arrive, tant mieux pour Paul Pogba. S’il y a une confirmation, il va falloir plaider le dossier sur le fond. Si c'est le cas, qu'est ce qui va se passer pour Paul Pogba ? Le principe des procédures qui viennent sanctionner les violations de dopage, c’est le contradictoire. On convoque le sportif, on lui présente l’ensemble des éléments du dossier et on lui offre la possibilité de s’exprimer sur les raisons pour lesquelles on retrouve cette substance dans son organisme. La première étape suppose de répondre à cette question : comment cette substance s’est-elle retrouvée dans son organisme ? L’idée, c’est d’éviter la défense Virenque (“à l’insu de mon plein gré”) qui avait beaucoup été moquée à l’époque. Le principe est qu'en tant que sportif, je suis responsable de toutes les substances qui pénètrent dans mon organisme. Donc, il m’incombe de savoir avant toute autre chose comment elle est arrivée dans mon corps. Ensuite, il faut démontrer si on a commis une faute, ou non, dans l’ingestion de cette substance. Il peut y avoir une faute parce qu’on a bu dans la bouteille d'un ami par exemple, mais il faut réussir à le démontrer. On avait l'exemple Richard Gasquet qui avait expliqué avoir embrassé une fille juste après qu'elle ait consommé de la cocaïne. C’est comme ça que, d'après lui, la cocaïne s’était retrouvée dans son corps. L'explication étant scientifiquement valable, il n'avait pas été possible de retenir une faute contre lui. D'autant qu'elle était corroborée par d'autres éléments du dossier. En revanche, s’il y a ingestion, qu’elle soit consciente ou non-consciente, la tendance est de retenir la faute. La spécificité italienne, c’est qu’on retient la notion d'intentionnalité de manière plus large qu’en France. Mais à ce stade du dossier, c’est difficile de se prononcer sur ses chances de succès sans avoir la défense de Paul Pogba.Est-ce que Paul Pogba risque quelque-chose devant la justice française ? A moins que de nouveaux éléments ne surviennent, la justice française n’est pas ce qui doit l'inquiéter le plus (le contrôle s'étant déroulé en Italie). Sa principale inquiétude doit porter sur sa carrière sportive, à savoir sur la durée de sa suspension. L’enjeu pour lui, c’est de faire en sorte qu’elle se termine le plus rapidement possible et, dans le pire de cas, éviter la fin de carrière.
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