Urne, isoloir, assesseurs… Tout laisse à croire que nous nous situons dans un bureau de vote. Pourtant, nous sommes dans la plus grande maison d'arrêt d'Europe, à Fleury-Mérogis, au sud de Paris. Des dizaines de détenus ont déjà voté pour le premier tour de l'élection présidentielle, dans un bureau de vote aménagé dans une salle commune. L’occasion pour les 3 600 détenus de Fleury-Mérogis de faire entendre leur voix par-delà les trois kilomètres de murs d'enceinte.
Sensibiliser au vote« Ils nous font sentir comme si on était à l’extérieur, sans être à l’extérieur », se réjouit Youssef, un détenu de 26 ans.Karim, 36 ans, ignorait qu'il pouvait voter au prison : « C’est quelque chose que je viens d’apprendre très récemment, il n’y a même pas dix jours, par les surveillants. » En effet, du porte-à-porte et des discussions ont été organisés une semaine auparavant, afin de sensibiliser au vote avant la présidentielle.Une première pour une élection présidentielleIl existe en prison trois modalités de vote : la permission de sortie (si obtenue), la procuration et le vote par correspondance organisé en prison. Cette dernière modalité a été inaugurée en France lors du scrutin européen de 2019. C'est la première fois qu'elle est proposée pour une élection présidentielle.« De plus en plus s’inscrivent pour voter », assure Etienne Lebrun, directeur du bâtiment D3 de Fleury-Mérogis. Cette année, 133 détenus se sont inscrits sur les listes électorales. Leur vote par correspondance sera centralisé au ministère de la Justice et dépouillé en même temps que les votes de tous les prisonniers de France.
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