VIDÉO. Pouvoir d'achat : pourquoi y-a-t-il un décalage entre les statistiques et le ressenti des Français ?
par Ouest France - La sélection de la rédaction
Record de prix des carburants, hausse de prix du gaz, de l'électricité mais aussi des produits du quotidien... Le pouvoir d'achat est en ce moment au cœur des préoccupations des Françaises et des Français. Pourtant, son ressenti par la population se heurte aux statistiques officielles. Alors que l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoit une hausse du pouvoir d'achat à hauteur de 1,5 % pour l'année 2021, près de 75 % des Français constatent à l'inverse une baisse, selon un sondage réalisé par Odaxa pour France Bleu. Sandra Hoibian est directrice du pôle Société du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc). Pour Ouest-France, elle analyse cette distorsion entre chiffres officiels et ressenti : « En fait, on se rend bien compte qu'on est sur des évolutions du pouvoir d'achat qui sont très petites. Est-ce qu'on se rend vraiment compte dans nos dépenses quand on gagne 1 € sur 100 € ? questionne la chercheuse. Finalement, l'augmentation régulière mais limitée est quasi imperceptible. »Voir aussi : VIDÉO. Gaz, électricité, carburants... On vous explique la hausse des prixSelon Sandra Hoibian, plusieurs facteurs expliquent ce décalage entre le ressenti des ménages et les statistiques. La première explication trouve sa source dans les inégalités : « Les salaires n'augmentent pas de la même manière d'un bout à l'autre de l'échelle sociale, les dépenses ne sont pas les mêmes, notamment chez les publics modestes ou les classes moyennes. » En cause, les dépenses obligatoires, sur lesquelles les ménages n'ont pas de marge de manœuvre, comme le logement, les charges d'électricité ou le carburant.La deuxième explication avancée par la chercheuse se situe dans les nouveaux besoins dictés par les normes de société : « Aujourd'hui, on est dans une société où on vit dans des logements qui sont plus grands, on a besoin de téléphone portable et d'ordinateurs. Tout cela crée des dépenses supplémentaires qui viennent alourdir la facture. »Enfin, la nature des dépenses est à prendre en compte. Parce qu'elles sont récurrentes, ces charges quotidiennes vont entraîner chez les ménages des effets de perception plus négatifs. « Elles marquent plus l'esprit que pour les choses que l'on va acheter une seule fois : quand le carburant augmente, cela a plus d'impact que lorsque le prix des meubles augmente, par exemple », conclut l'experte.Faut-il s'attendre à un mouvement social dans la continuité de celui porté par les Gilets jaunes ? Sandra Hoibian se veut prudente. Mais à l'approche de l'élection présidentielle, « il est probable qu’il y ait une traduction dans les urnes, du regard qui sera porté par les citoyens sur le quinquennat ».
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