VIDÉO. Pourquoi les fictions et biopics sur les tueurs en série connaissent un tel succès

par Ouest France - La sélection de la rédaction

« Jeffrey Dahmer », « True Detective », « Hannibal », « Dexter », « You »… On ne compte plus le nombre de documentaires et séries qui nous plongent dans l’univers des tueurs en série. Les plateformes semblent avoir trouvé la recette magique pour séduire les téléspectateurs. Mais pourquoi ces productions connaissent-elles un tel succès ?Disponible depuis le 21 septembre 2022, la série « Monster : The Jeffrey Dahmer Story » ,réalisée par Ryan Murphy, est à ce jour l'un des plus gros succès de Netflix. La série a cumulé plus de 300 millions d’heures vues dès sa première semaine de diffusion. Elle a même atteint le Top 10 dans 92 pays. Derniers chiffres en date, « Dahmer » vient officiellement de dépasser le milliard d’heures vues. C’est la troisième série Netflix à atteindre ce record, aux côtés de « Stranger Things 4 » et « Squid Game ».Lire aussi : Jeffrey Dahmer, Guy Georges, Michel Fourniret… Pourquoi les tueurs en série fascinent-ils tant ?« Une façon paradoxale de se protéger »Jean-Luc Ployé est expert psychologue auprès de la Cour de Cassation. Depuis plus de trente ans, le spécialiste a mené pas moins de 13 000 expertises psychologiques pour la justice, dont celles de Michel Fourniret et Francis Heaulme. Dans son livre « La passion du mal », co-écrit avec le journaliste Mathieu Livoreil (éd. Grasset), il raconte ses entretiens avec de nombreux assassins, dont des tueurs en série.Selon Jean-Luc Ployé, « plonger dans ce type d'émissions sur Netflix, sur d'autres chaînes de télévision, dans les journaux ou dans des ouvrages de littérature, c’est pour l'individu une façon, paradoxalement, de se protéger du mal. »Et si le meurtrier fascine, c'est parce que comprendre son anormalité permettrait aussi de se rassurer sur sa propre normalité. « Lorsqu'on rencontre ces personnes, poursuit l'expert psychologue, on est confronté à un espace de valeurs qui n'est pas partageable. Par exemple, il est évident que la vie d'un enfant, c'est sacré : il n'est pas question de le tuer.  »Une fascination malsaine ?Or, le succès de ces fictions ou biopics n’est pas sans risque. En s'emparant du mythe du tueur en série, les séries amplifient la fascination qui les entoure. C’est d’ailleurs le reproche formulé par des nombreux spectateurs à l'encontre du charismatique Joe Goldberg, dans la série « You », produite par Netflix. « Le risque de la mise en scène, c'est de romancer le récit, appuie Jean-Luc Ployé. Moi, je vous prie de croire que lorsqu'on rencontre un tueur en série, ce n'est pas romantique du tout. »La première saison de « Monster » sur Netflix relate les crimes de Jeffrey Dahmer, surnommé « le cannibale de Milwaukee », condamné aux États-Unis pour avoir assassiné dix-sept personnes entre 1978 à 1991. Cette reconstitution plus vraie que nature a pu écœurer certains proches de victimes qui se sont exprimés sur les réseaux sociaux.À l'inverse, elle a créé chez des spectateurs une fascination malsaine : sur les réseaux sociaux, des fans n’ont pas hésité à afficher leur « soutien » au tueur américain. Plusieurs objets lui ayant appartenu se sont vendus à prix d'or sur Internet. Critiquées par les uns, adulées par les autres, une chose est certaine : ces productions ne laissent personne indifférent.

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