VIDÉO. Pénurie de carburant : les transporteurs routiers en difficulté pour s'approvisionner
par Ouest France - La sélection de la rédaction
« Je n'arrive plus à me fournir en carburant », s'inquiète Marc Gardan, directeur d'une société de transports routiers à Noyal-Châtillon-sur-Seiche, près de Rennes (Ille-et-Vilaine). Depuis une quinzaine de jours, et le début de la guerre en Ukraine, le chef d'entreprise est en grande difficulté pour s'approvisionner en gazole auprès de ses fournisseurs habituels. « Presque tous les jours, je suis contraint d'appeler mes huit fournisseurs dans l'espoir de pouvoir passer commande », explique-t-il. « Mais là, il n'y a rien du tout, se désole le patron. Donc on fait le dos rond, on attend, en espérant que demain sera mieux ».Le conflit en Ukraine a eu pour conséquence la désorganisation du marché. Un quart des importations de gazole en France proviennent de la Russie, mais depuis le début de la guerre, elles sont en baisse : « Les importations sont passées de 174 000 barils par jour en février, à 24 000 en mars », précise Arthur Richier, analyste des marchés de transport maritime d'énergie chez Vortexa. Il y a de fortes incertitudes concernant le pétrole russe, une situation qui fait flamber les prix du gazole : + 10 à 15 centimes d'euro le litre en sept jours.Pour remplir les réservoirs de ses poids lourds -plus de quarante véhicules-, le transporteur dispose d'une citerne de gazole sur son site. « J'ai une réserve propre de 100 000 litres. Je ne parviens même pas à la remplir à 50 % de sa capacité », raconte Marc Gardan d'un air anxieux. « Habituellement, j'appelle une fois par semaine mes différents fournisseurs et j'achète au moins cher. La livraison de 36 000 litres arrive dès le lendemain. Là, j'ai mis huit jours pour obtenir cette quantité. »Par téléphone, l'un des distributeurs développe la situation : « Le problème, c'est qu'aujourd'hui on est tous contingentés et, le peu de produit qu'on a eu a déjà été entièrement pré-vendu pour cette semaine. On est sur des pré-commandes pour la semaine prochaine », annonce-t-il au transporteur. « C'est une catastrophe, je n'ai jamais vu ça », s'alarme le distributeur à l'autre bout du fil avant de conseiller à son client d'être prudent et d'anticiper.« Les prix n'ont jamais été aussi élevés »À cause de ces pénuries en France, le peu de stock disponible est proposé à des prix « bien plus élevés que la normale », affirme Marc Gardan. Selon un autre transporteur routier dans l'Ouest, « les fournisseurs qui disposent d'un peu de produit ont augmenté d'au moins cent euros leur tarif (pour 1 000 litres) de gazole ». L'interlocuteur, qui souhaite rester anonyme, annonce une décision de sa société de fermer la citerne et de demander aux chauffeurs routiers de s'approvisionner en carburant directement dans des stations-services spécialisées : « Ça engendre des surcouts financiers, mais on anticipe de potentielles pénuries de carburant ». En fermant sa citerne, cette société prévoit de disposer d'un stock propre minimum au cas où le gazole serait en rupture.Pour le moment, les stations-services à destination des particuliers ne sont pas affectées.
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