VIDÉO. "On a une carte à jouer avec le changement climatique" : ce vigneron globe-trotter se pose à Riec-sur-Bélon
par Ouest France
Il y a 20 ans, en Argentine, Lucas Pfister commence à travailler dans la vigne familiale. Quand il quitte son pays natal et l’exploitation viticole familiale c'est pour apprendre et explorer le monde du vin sous d’autres cieux. En mars-avril 2022, il plante ses premiers ceps à Riec-sur-Bélon (Finistère). La première récolte est prévue pour 2025.Après une jeunesse et des études en Argentine, Lucas Pfister profite d'une bourse pour poursuivre son cursus en viticulture et œnologie à Montpellier, à l’institut des hautes études de la vigne et du vin. Puis il travaille à Bordeaux, au Portugal, en Australie, en Italie. Presque un tour du monde de la vigne et du vin.Il revient régulièrement en Argentine pour assurer les vendanges dans le domaine familial près de Mendoza. Le vin produit là-bas, dont la gamme 40/40, s’exporte aux Etats-Unis et en Europe. «Au départ, mes parents cultivaient le raisin et le vendaient. Et puis, ils ont pensé que c’était dommage de faire comme ça et ont décidé de produire eux-mêmes le vin.»Un métier de passion Lucas Pfister est « accroché à la France depuis 2009 ». En 2018, il rencontre son épouse dans le sud de la France. «Elle est d’ici, de Riec-sur-Bélon», glisse-t-il. Un premier enfant, bientôt un deuxième...Alors, pourquoi ne pas cultiver la vigne dans ce bout de Finistère-sud ? «On s’est posé la question en rigolant. Et puis j’ai commencé à frapper aux portes de propriétaires de terrains, j’ai fait des trous pour faire des analyses de sol... Et puis on a dit: c’est OK, on crée ici l’entreprise et j’ai demandé l’autorisation de plantation. Ça m’a pris deux ans. »À Riec-sur-Bélon, à Kerc’has où il habite avec sa famille, ou sur les hauteurs du port de Rosbras, il plante ses premiers ceps de vignes entre mars et avril 2022: 4 350 pieds sur 0,7 hectares du côté de Rosbras et 250 pieds chez lui. Il espère sa première récolte en 2025. Sans produit de synthèse.Innover«Je voudrais faire quelque chose d’innovant avec le vin. Mais le terrain idéal pour la vigne n’existe pas. Je fais un pari ici.»Pour le gagner, il s’appuie sur son savoir-faire et sur le climat breton. «Ici, le climat est humide. Plus on s’approche de la mer, plus les précipitations diminuent. À Névez, il pleut moins qu’à Kerc'has. Ici, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Il y a quatre climats dans une journée.»Un pas en avant, une erreur, un nouveau pas «tu apprends.» Des vignerons du Morbihan le soutiennent et l’aident pour des commandes communes de matériels. D’autres, installés dans le Finistère, commencent à s’intéresser à la vigne. Pour de futures plantations, Lucas Pfister regarde aussi du côté de Moëlan-sur-Mer et Névez.Quel cépage choisir? «J’aime beaucoup le savagnin du Jura, l’Alvarinho de Galice, le chinon blanc que l’on peut bien combiner avec les fruits de mer et le poisson. J'ai envie de faire du vin blanc, qui soit le reflet de cet endroit.» Un pari à gagnerAlors, un Argentin «qui débarque ici pour planter des vignes», au début... «C’est vrai que certains agriculteurs du secteur nous ont dit que ça n’allait pas marcher. Mais j’ai été super bien accueilli et des agriculteurs m’ont aussi bien aidé. Les gens curieux commencent à croire au projet.»Lucas Pfister autofinance son projet et, en globe-trotter de la vigne, continue de donner des conseils dans différents domaines viticoles en Italie, en Roumanie ou encore en Argentine. Mais cette année, il n’est pas rentré dans sa famille pour vendanger. «J’ai bataillé avec l’administration. Je ne rentre dans aucune case.»Le métier est dur, «il faut être à fond dans plusieurs domaines: le côté agricole, la partie contact avec le client, diffusion. C’est très diversifié. Et on vit de belles expériences. Je ne sais pas si on est des fous ou des visionnaires.»
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